samedi 15 décembre 2018

Portrait à la Dorian Gray



   « Elle est réconfortante, l'idée qu'on ne peut arrêter cette lente disparition et cet effacement, qu'ils obéissent à une logique qui - selon Lucrèce - veut que de la chose qu'on a faite de soi, comme de n'importe quelle autre, se détachent en permanence de très minces fragments qui flottent en image dans l'atmosphère. L'être humain, pour prendre un exemple, exhalerait en plein jours des milliards d'images de lui-même, une pellicule après l'autre qui se détacherait de lui, c'est pourquoi il vieillirait et s'affaiblirait et à un moment donné, il serait à son terme. » 

Matthias Zschokke, Quand les nuages poursuivent les corneilles. Éditions ZOE, 2018, p 61.