tag:blogger.com,1999:blog-8592265069855063672024-03-12T22:11:06.429-07:00Encres vagabondesjeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.comBlogger366125tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-29916796503597728622021-02-14T00:29:00.001-08:002021-02-14T00:29:57.358-08:00Écriture et peinture<p> <span style="font-family: courier; font-size: large;">Comme un pinceau qui ne se contenterait pas d'apporter une touche nouvelle de couleur ici et là mais déroulerait d'un seul trait tout un pan du paysage, l'accolant à d'autres déjà présents, découpages juxtaposés et qui reconstitueraient peu à peu le tableau d'une Lorraine en guerre ou se préparant à l'être, limité à la fin à son cadre doré, vu(le tableau) d'un train de conscrits en marche dans la campagne ...</span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;"><br /></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;"> <span style="color: #20124d;"> <i>« De loin en loin s'élevaient au-dessus de la plaine de hauts clochers surchargés d'ornements baroques, semblables, verticaux et bosselés, à quelques déliquescentes rêveries d'architecte rivalisant dans un ciel brouillé avec les cheminées d'usines et les hauts fourneaux, témoignant, contournés et nostalgiques, de la grandeur passée de princes polonais et de maréchaux aux noms de porcelaine, aux manchettes de dentelles, aux étincelantes et noires cuirasses bordées d'or, de sorte que dans les salles ou les corridors des châteaux qui parfois servaient maintenant de casernes on aurait dit que persistaient les traces laissées par les portraits qui y avaient été accrochés </i></span></span><span style="font-family: courier;"><i><span style="color: #20124d; font-size: large;">et au bas desquels, sous les visages sanguins ou délicats encadrés de perruques, pouvait se lire quelque titre ducal - ou même royal - évoquant (de même que le nom de cette ville (Baccarat) répété aux carrefours routiers), dans un scintillement de cristal taillé et de virils relents d'écurie, des visions d'amours enguirlandés, de marquises aux décolletés bordés de cygnes, de croupes pommelées, de tricornes et de bottes à cuissards. »</span></i></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: medium;">Claude Simon, Le Jardin des Plantes, Les Éditions de Minuit 1997, p 197</span></p>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-54244016191780465862021-02-11T00:09:00.000-08:002021-02-11T00:09:05.253-08:00<p><span style="font-family: courier; font-size: large;"> <span style="color: #7f6000;"> Hypotypose</span></span></p><p><span style="color: #7f6000; font-family: courier; font-size: large;"> "Figure de style consistant en une description réaliste animée et frappante dont on veut donner une représentation imagée et comme vécue à l'instant de son expression."</span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;"> <i>« Dans la nuit, on ne pouvait voir le Gange. A la lueur du bûcher, on devinait seulement deux ou trois formes enveloppées de linceuls et déposées sur des brancards et que des vaguelettes d'eau noire venait lécher. Plus en aval se trouvait une haute terrasse dominant le fleuve, illuminée de guirlandes d'ampoules électriques multicolores. Il en arrivait une mélopée criarde amplifiée par de puissants hauts-parleurs et scandée par les échos rythmés de claquements de mains. Le prêtre (bonze?) nous a dit qu'on célébrait un mariage. »</i></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: x-large;"> <span style="color: #7f6000;"><i>Claude Simon</i>, </span></span><span style="color: #7f6000; font-family: courier; font-size: large;"><i>Le Jardin des Plantes</i>, Les Éditions de Minuit, 1997, p133</span></p>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-74211435328832570492021-02-08T08:29:00.004-08:002021-02-08T08:31:00.348-08:00<p> <span style="color: #4c1130; font-family: courier; font-size: large;">L'art de la description chez Claude Simon *</span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;"><br /></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;"> <i>« Contrairement aussi aux ruines laissées derrière elles par des civilisations passées et dont on peut voir encore les vestiges (temples, forums, remparts, arènes), les matériaux employés là (le bois et le fer), de nature périssable, sont condamnés à être peu à peu attaqués et détruits, soit par la rouille, soit pas la pourriture, de sorte qu'à la différence des sanctuaires, des colonnades ou des agoras, il ne restera un jour absolument rien, ni une galerie, ni un treuil, ni un wagonnet, ni une maison, de ce qu'un furieux et hâtif appétit de gain a édifié, le sol de nouveau aride, à peine bosselé encore de quelques décombres, puis simplement nu, retourné à son état primitif. »</i></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;">Claude Simon, Le jardin des plantes, Les Éditions de Minuit, 1997, p70</span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;"> *Paysage anciennement industriel dans les Montagnes Rocheuses, aux États-Unis</span></p>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-29006903017668789692021-02-03T01:02:00.000-08:002021-02-03T01:02:22.075-08:00<p><span style="font-family: courier; font-size: large;"> <span style="color: #134f5c;">Tel la mer, le ciel sans cesse renouvelé pour une nouvelle lecture.</span></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;"><i> « Depuis un moment la mer de nuages s'est peu à peu boursouflée, creusée de dépressions qui s'élargissent, se déchirent, s'ouvrent sur des précipices en même temps que les bosses s'enflent, s'étagent en champignons gigantesques faits de dômes superposés, nettement sculptés, leurs sommets d'un éclat parfois insoutenable, tandis qu'ailleurs leurs flancs s'estompent, se fondent en voiles grisâtres, imprécis, qui s'épaississent jusqu'à des ténèbres aux reflets couleur de soufre et où les rayons du soleil enfoncent çà et là des bandes plates, légèrement divergentes et comme poussiéreuses. »</i></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: large;">Claude Simon, Les corps conducteurs, roman, Les Éditions de Minuit, 1971, p119.</span></p><p><br /></p>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-5941190057658873112020-02-19T05:43:00.003-08:002020-02-19T05:43:39.190-08:00Chronique d'hiver<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"> Une seule phrase, proustienne, d'un seul jet,</span><span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"> un seul souffle, en continuité, en fluidité, </span><span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;">passent les jours et les saisons...</span><br />
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"> <i>« </i></span><span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"><i>Pas de neige notable depuis la nuit du 1er février, mais un mois glacial avec peu de soleil, beaucoup de pluie et beaucoup de vent, et tous les jours tu t'es retranché dans ta chambre pour écrire cette chronique, ce voyage à travers l'hiver jusqu'en ce mois de mars, à présent, encore froid, encore aussi glacial que le froid hivernal de janvier et de février, et pourtant tu sors maintenant chaque matin pour examiner le jardin, à la recherche d'une touche de couleur, de la moindre feuille de crocus en train de sortir du sol, de la plus petite touche de jaune sur le forsythia, mais tu ne relèves rien pour l'instant, le printemps arrivera tard cette année, et tu te demandes combien il faudra encore de semaines avant que tu te mettes en quête de ton premier merle d'Amérique. »</i></span><br />
<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"><i><br /></i></span>
<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"><i>Paul Auster, Chronique d'hiver, Actes Sud, 2013. (Traduction de l'américain de Pierre Furlan)</i></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-54282026729511838912020-02-04T13:28:00.000-08:002020-02-04T13:28:01.029-08:00Au fil des lectures<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaDxwtTSFBFzmzQLdDuhr5adjtVhseWJwsZRjgpyHJBPoDo2xDjc1flSutoJNrjClXIcC4H4_-g0lws5dVICpncLCtKrw0MCcYN_sStp0n1iqc8esxxysKuU_SyBidTCGYDjiivn9aFHg/s1600/L1290824.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1600" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaDxwtTSFBFzmzQLdDuhr5adjtVhseWJwsZRjgpyHJBPoDo2xDjc1flSutoJNrjClXIcC4H4_-g0lws5dVICpncLCtKrw0MCcYN_sStp0n1iqc8esxxysKuU_SyBidTCGYDjiivn9aFHg/s640/L1290824.JPG" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;">Science fiction, philosophie, humour, intelligence artificielle, tout cela à la fois et bien d'autres choses en ce roman.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<i><span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;">Gallimard, 2020</span></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<i><span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;">Titre original : Machines like me and people like you.</span></i></div>
<br />jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-74648659562798695392019-04-20T03:12:00.001-07:002019-04-20T03:12:04.802-07:00des livres et de la mémoire<br />
<span style="font-size: large;"> « Et à présent, avec les années, ma mémoire se souvient de moins en moins bien, et elle m'apparaît comme une bibliothèque mise à sac : de nombreuses salles sont fermées, et dans celles qui sont encore ouvertes à fin de consultation, il y a sur les rayonnages de grands espaces vides. Je prends un des livres restants et je m'aperçois que plusieurs pages en ont été arrachées par des vandales. Plus ma mémoire se dégrade, plus je souhaite protéger ce reposoir de mes lectures, cette collections de textures, de voix et d'odeurs. La possession de ces livres est devenue pour moi d'une importance capitale, parce que je suis devenu jaloux du passé. »</span><br />
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-size: large;"><i>Alberto Manguel, Une histoire de la lecture, Actes Sud (Babel), 1998, p 340.</i></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-72901591056527817902019-02-12T09:09:00.000-08:002019-02-12T09:09:41.811-08:00Actualité de lecture - Kiosque<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"> « Le centre Beaubourg qui, au moment de sa construction, avait fait hurler la Réaction, ce qui constituait un label irréfutable de qualité et de vérité pour les Modernes, représentait alors la pointe de ce volontarisme esthétique. Il avait donné le <i>la </i>à cet ébranlement du vieux pays encore secoué par les séismes des deux guerres. Ce qui était d'autant plus curieux que son architecture, inspirée des raffineries et des grands complexes sidérurgiques, disait en soi que le temps de l'industrie était fini, désormais muséifié aux côtés des arts et traditions populaires, qu'il avait dès lors sa place dans le Paris ancien auprès de l'église Sain-Eustache où avait été baptisé Jean-Baptiste Poquelin et enterrée Anna-Maria, la mère de Mozart. Or une église gothique, même si celle-ci, tardive, emprunte à d'autres influences, a cette particularité, comme Beaubourg, d'exposer à l'extérieur, de ne pas chercher à les camoufler, les artifices techniques, contreforts et arcs-boutants, qui lui permettent de s'élever, et aux murs de ne pas s'écarter, rôle joué ici par les gigantesques tuyauteries exposées en façade assurant le bon fonctionnement interne de l'édifice. Sur ce plan, Saint-Eustache et Beaubourg sont construits en miroir. Ce qui dit aussi que ce kiosque tubulaire à l'image du centre d'art contemporain s'inscrivait dans la fin du journal, lequel aura accompagné la révolution industrielle, participé à son désir de changer le monde, et disparu avec elle. La modernité n'est plus. »</span><div>
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><i>Jean Rouaud, Kiosque, Éditions Grasset & Fasquelle, 2019, p 52-3.</i></span></div>
jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-65998340841656680732019-01-30T06:04:00.002-08:002019-01-30T06:05:45.235-08:00La question. Actualité de lecture.<br />
<br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"> « Où commence ma mémoire ? Parfois il me semble que ce n'est que vers quatre ans, lorsque nous partîmes pour la première fois, ma mère, mon père et moi, en villégiature dans les forêts humides et sombres des Carpates. D'autres fois il me semble qu'elle a germé en moi avant cela, dans ma chambre, près de la double fenêtre ornée de fleurs en papier. La neige tombe et des flocons doux, cotonneux, se déversent du ciel. Le bruissement est imperceptible. De longues heures, je reste assis à regarder ce prodige, jusqu'à ce que je me fonde dans la couverture blanche et m'endorme. »</span><br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><i>Aharon Appelfeld, Histoire d'une vie, Éditions de l'Olivier, 2004, p 7.</i></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-72825196122868072842019-01-24T06:42:00.000-08:002019-01-24T06:42:27.846-08:00Que fais-tu ?<br />
<br />
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"> « - Tu te souviens de ta femme ?</span><br />
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"> - Évidemment que je me souviens d'elle. Je suis venu m'installer ici. Je me suis marié. Une femme très bien. Elle est décédée, ça fait quoi, trente, quarante ans. Depuis ce jour-là je suis seul. C'est pas bien d'être seul. On vit en solitaire. Et qu'est-ce qu'on peut faire ? On n'y peut rien. Faire pour le mieux. Il y a que ça. Quand il y a du soleil dehors, le soleil, je sors dans la cour, derrière. Et je reste assis au soleil. Et je me sens bien, je bronze. C'est ça ma vie. C'est ça que j'aime. La vie au grand air. Dans ma cour. Je reste assis une grande partie de la journée quand il y a du soleil. Tu comprends le yiddish ? " T'es vieux, t'as froid." Aujourd'hui il pleut.»</span><br />
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace;"><i>Philip Roth, Le Théâtre de Sabbath, Éditions Gallimard,1995, p 406 </i></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-68105618398510904022019-01-07T08:36:00.000-08:002019-01-07T08:36:12.864-08:00Pure nature...<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> « Dire que d'aucuns, comme en rigole Dany Kovacs, croient retourner à la pure nature, se donner le frisson de la wilderness, jouer à la cabane primitive en planifiant leur fausse pénurie, leur frugalité d'hommes frustes, sachant qu'au moindre pépin, rage de dents, foulure, on se rapatrie fissa à sa base urbaine. Adeptes d'un Emerson, d'un Thoreau ou du naturaliste John Muir, dévots forestiers d'une "nature" poétisée avec mode d'emploi des éléments comme berceau de toute virginité, de toute innocence, ces disciples modernes, sans renoncer aux profits du capitalisme, escomptent que leur cure les console de leur petit malaise de civilisés et requinque leur virilité en panne -, mais je n'allais pas bassiner Jessie avec ma vieille rogne hors sujet, elle qui n'avait en tête que de retrouver son fichu cimetière.»</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"><em>Anne-Marie Garat, Le Grand Nord-Ouest, Actes Sud, 2018, p 271.</em></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-26882564347225309772018-12-15T07:24:00.000-08:002018-12-15T07:24:53.559-08:00Portrait à la Dorian Gray<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> « Elle est réconfortante, l'idée qu'on ne peut arrêter cette lente disparition et cet effacement, qu'ils obéissent à une logique qui - selon Lucrèce - veut que de la chose qu'on a faite de soi, comme de n'importe quelle autre, se détachent en permanence de très minces fragments qui flottent en image dans l'atmosphère. L'être humain, pour prendre un exemple, exhalerait en plein jours des milliards d'images de lui-même, une pellicule après l'autre qui se détacherait de lui, c'est pourquoi il vieillirait et s'affaiblirait et à un moment donné, il serait à son terme. » </span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"><em>Matthias Zschokke, Quand les nuages poursuivent les corneilles. Éditions ZOE, 2018, p 61.</em></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-62946206662886137142018-11-28T08:15:00.001-08:002018-11-28T08:15:59.915-08:00Souligné dans le texte...<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;">Note de lecture</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzjFGuxe27M6DOV0cDHvIHUiHAOwzLWrvy8rSq0e29Zafom9JNhzOo0hJsPwhcmHdI_fj-ko4XdV-7PNmqsx9t9pBE8eiDeKLCck1CuXikbeqF0kj08iH1s3_tOCwZIMqaH7MaTPGk8Bw/s1600/L1230829.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1068" data-original-width="1600" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzjFGuxe27M6DOV0cDHvIHUiHAOwzLWrvy8rSq0e29Zafom9JNhzOo0hJsPwhcmHdI_fj-ko4XdV-7PNmqsx9t9pBE8eiDeKLCck1CuXikbeqF0kj08iH1s3_tOCwZIMqaH7MaTPGk8Bw/s320/L1230829.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsFsqBYtPREaaHrmXfjBNlXm2WBbSetIdUSb0WZy4z_GuQDPUAeskWjORMRN0f73O-3RfxFzkLLhKJscRtoImiKDiVoLVj90jplVQnuU-wLTY5IZJz9uasTaeHmyeBYJ_Rn2O87chxdIY/s1600/L1230830.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1068" data-original-width="1600" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsFsqBYtPREaaHrmXfjBNlXm2WBbSetIdUSb0WZy4z_GuQDPUAeskWjORMRN0f73O-3RfxFzkLLhKJscRtoImiKDiVoLVj90jplVQnuU-wLTY5IZJz9uasTaeHmyeBYJ_Rn2O87chxdIY/s320/L1230830.JPG" width="320" /></a></div>
jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-47005050781713619902018-10-29T09:29:00.000-07:002018-10-29T09:29:48.121-07:00Chant antique<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> Les hommes vivent de la mort et assaisonnent les chairs ensanglantées de la chasse, absorbées chaque jour, de la beauté de la nature qui est tuée ou défrichée ou cueillie, de la sauvagerie qui a été trahie par l'espèce entière, des saisons disparues. Aussi, après qu'on avait balayé sous la table, on ramassait pieusement les purgamenta cenae dont parle le texte de Pline (les balayures qui étaient entrées au contact la sainteté du sol familial) et on les portait au tombeau afin que les âmes qui les avaient hantées y fussent elles-mêmes reconduites.</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> Pascal Quignard, L'enfant d'Ingolstadt, Grasset, 2018, p61.</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New;"> Quel beau texte, quelle langue, pour dire l'histoire du "Cru et du cuit" chère déjà à Leroi-Gourhan et comment s'installent et se créent les rites !</span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-48043334128247988622018-10-28T07:42:00.004-07:002018-10-28T07:42:42.339-07:00Que serais-je sans toi ?<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> Par temps de pluie et d'automne,</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">en ces temps aux souvenirs de tous nos disparus,si l'on lisait…</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> Que serais-je sans toi…</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> « Tels des électrons d'Heisenberg, nous avons l'impression que nous n'existons pas toujours : nous n'existons qu'à l'occasion d'une interaction avec autrui, quand un autre daigne nous voir. Peut-être que, ainsi que nous l'enseigne la physique quantique, ce que nous appelons réalité - ce que nous pensons être et ce que nous pensons qu'est le monde - n'est rien d'autre qu'interaction. »</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"><em>Alberto Manguel, Je remballe ma bibliothèque, Une élégie & quelques digressions, Actes Sud, 2018, p25.</em></span><br />
<em><span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span></em><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> Tout en rangeant ses livres, on peut, comme Montaigne en sa librairie, philosopher...</span><br />
jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-57817667904221886972018-10-07T01:18:00.000-07:002018-10-07T01:18:03.572-07:00Migrants<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> « L'envahisseur est évidemment un immense problème pour nous, pour le monde, mais il ne l'est pas pour l'Histoire, l'humanité n'existe que par le mouvement des peuples et seuls se meuvent les peuples forts, en qui est actif l'esprit d'aventure et de conquête. Si chacun était resté chez lui cueillir des baies et à regarder pousser l'herbe, l'humanité aurait disparu, emportée par la consanguinité, l'ennui, l'ignorance, l'obésité, la maladie. Le vrai drame pour un peuple est l'ataraxie, lorsque meurt en lui le goût de se battre et c'est ce qui nous arrive, tout nous effraie, nous décourage, un bruit et hop nous voilà à genoux, tremblant, battant notre coulpe, bafouillant des excuses. <span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Nous ne savons même pas nous tenir sur la défensive, et s'il advient, mourir dans la dignité, sinon panache. C'est cela qui me désespère, Hannah chérie, de nous voir si petits, si affreux, si lâches... »</span></span><br />
<br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"><em><strong>Boualem Sansal</strong>, <strong>Le train d'Erlingen</strong> ou La métamorphose de Dieu, Éditions Gallimard, 2018, p 57.</em> </span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-36331154234577420162018-06-20T01:18:00.003-07:002018-06-20T01:18:51.715-07:00Écriture<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"> « - Quand arrivera-t-il donc ce bienheureux jour où j'écrirai le mot : <em>fin</em> ? Il y aura, en septembre prochain, trois ans que je suis sur ce livre *. Cela est long, trois ans passés sur la même idée, à écrire du même style (de ce style-là surtout, où ma personnalité est aussi absente que celle de l'empereur de Chine), à vivre toujours avec les mêmes personnages, dans le même milieu, à se battre les flancs toujours pour la même illusion. »</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">* Madame Bovary</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"><em>Gustave Flaubert, Correspondance, Éditions Gallimard (Folio), 1975,1980,1991 et 1998. Lettre à Louise Colet, mardi, minuit, 18 avril 1854.</em></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-60606626880488310182018-06-02T11:36:00.002-07:002018-06-02T11:36:35.655-07:00Migrants<br />
<br />
<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;">« Qui accueille s'enrichit, qui exclut s'appauvrit.</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Qui élève s'élève, qui abaisse s'abaisse.</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Qui oublie se délie, qui se souvient advient.</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Qui vit de mort périt, qui vit de vie sur-vit. »</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">François Cheng, Enfin le royaume, Éditions Gallimard, 2018, p 133</span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-557835760856485652018-02-19T01:52:00.001-08:002018-06-02T11:25:58.163-07:00Orage<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"> " Mon amour,</span><br />
<span style="font-family: "courier new"; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: "courier new"; font-size: large;"> très violent orage cette nuit... Toute l'île* surplombée d'éclairs, un million d'appareils photographiques à la fois en flashes... Superbe ! Ça m'a rechargé électriquement de la tête aux pieds... Une heure de spectacle, vent, pluie, et puis le silence, plus rien, comme si on avait rêvé... Ce matin beau temps « innocent »... La platitude du paysage permet de voir la foudre tomber à 20 ou 30 kilomètres, et puis il y a les éclairs horizontaux, obliques, les déflagrations combinées, voilées, soufflées... J'adore ça... Je me demande pourquoi Joyce avait si peur du tonnerre... Je ressens, moi, une exaltation formidable, j'en danserais tout seul dans la nuit! "</span><br />
<span style="font-family: "courier new"; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: "courier new"; font-size: large;"><em>Philippe Sollers, Lettres à Dominique Rolin,1958-1980, Éditions Gallimard, 2017, p 360.</em></span><br />
<em><span style="font-family: "courier new"; font-size: large;">* L'île de Ré.</span></em><br />
<em><span style="font-family: "courier new"; font-size: large;"></span></em><br />
<em><span style="font-family: "courier new"; font-size: large;"></span></em><br />jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-59244196952567422182018-02-11T01:24:00.002-08:002018-02-11T01:24:19.482-08:00Voyage en Absurdie<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="color: #c27ba0; font-family: Courier New; font-size: large;">« Quelle drôle d'histoire de se balader avec ce sac de voyage, le corps... On le lave, on le nourrit, on le baigne, on l'essuie... Qui ça « on » ? Cette mince lumière en sursis, là, dans le crâne; cette petite lanterne magique sur les parois... Et « on » se remet à ses inscriptions, graffitis, ratures, pattes de mouche, ailes de moustiques, lettres, syllabes, alphabet... Est-ce que ce n'est pas absurde ? »</span><br />
<span style="color: #c27ba0; font-family: Courier New; font-size: large;"></span><br />
<span style="color: #c27ba0; font-family: Courier New; font-size: large;"><em>Philippe Sollers, Lettres à Dominique Rollin, 1958-1980, Éditions Gallimard, 2018, p 272.</em></span><br />
<em><span style="color: #c27ba0; font-family: Courier New; font-size: large;"></span></em><br />
<em><span style="color: #c27ba0; font-family: Courier New; font-size: large;"></span></em><br />
jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-55859700483552838382017-11-08T01:14:00.001-08:002017-11-08T01:14:28.531-08:00Dialogue du vent et de l'arbre<div align="justify">
</div>
<div align="justify">
</div>
<div align="justify">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Courier New", Courier, monospace; font-size: large;">Que cherches-tu, ô vent</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Tant de violence en toi</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Pour me troubler ainsi</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Et qui m'affole fort ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Pour te mieux étreindre</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Et ta ramure pénétrer</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Ton corps modeler</span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Ne pourrais-tu en douceur</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Batifoler et murmurer</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Au creux de mon oreille</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Une tendre chanson</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Qui me soit telle une caresse ?</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Tu m'attires et m'attises</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">De ta souplesse lever les voiles</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">De tes feuilles aimer l'envers</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Avec passion.</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Tu mugis et rugis</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">En tes assauts répétés</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Jamais lassé toujours insatisfait</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Que serais-je sans toi ?</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Je me perds et m'égare</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Me révèle et chante.</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Et me voici à terre brisé</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Gisant</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Toi, le vent, parti ailleurs</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Ta proie abandonnée.</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span> </div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Ainsi nos amours</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">S'enfuient et meurent</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Un air qui passe</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">sans portée</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;">Le rêve piétiné.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Courier New; font-size: large;"></span> </div>
<div align="justify">
</div>
jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-15622129133692455142017-09-17T02:23:00.000-07:002017-09-17T02:23:40.657-07:00L'œil et le réel<br />
<br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"> <span style="color: #741b47;"> Mardi</span></span><br />
<span style="color: #741b47; font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="color: #741b47; font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"> Un jour en Corse, près de Figari. Sur la plage, nos hôtes ont organisé un <em>spuntinu</em>, comme on dit ici quand on prend du bon temps en même temps que le maquis. Autour du feu de bois, figatelle et vin de Sartène. Le ciel est une flanelle mitée de trouées solaires. La mer est en peau de taupe. Des blocs de granit rose encadrent la forêt d'arbousiers. Le genre de paysage que n'aiment pas les peintres : le travail est déjà fait. Une tour génoise veille, elle nous survivra. Soudain les invités lèvent la main dans un même mouvement. Ils prennent des photos, brandissent l'appareil à bout de bras. Ce geste, c'est le symbole de notre temps, la liturgie moderne. La société du spectacle a fait de nous des cameramen permanents. Quelle étrange chose, cette avidité de <em>clichés, </em>chez des gens qui se pensent originaux. Quelle indigestion, cette boulimie d'images. Plus tard, ils regarderont les photos et regretteront que le moment consacré à les prendre leur a volé le temps où ils auraient pu s'incorporer au spectacle, en jouir de tous leurs sens et, le regard en haleine, célébrer l'union de l'œil avec le réel.</span><br />
<span style="color: #741b47; font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"></span><br />
<span style="color: #741b47; font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><em>Sylvain Tesson, Une très légère oscillation, Journal 2014-2017, Éditions des Équateurs, 2017, page 14.</em></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-90544670155833829862017-04-15T01:49:00.001-07:002017-04-15T01:49:52.946-07:00Impressions de saison<br />
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;">Beauté</span><br />
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"> Un jour, alors que personne ne s'y attend, une marée de beauté envahit l'espace. Des types bizarres, qu'on nomme vite « impressionnistes », se mettent à célébrer la nature, l'existence, les pins, les peupliers, les roses, les coquelicots, les pivoines, les nymphéas, les déjeuners sur l'herbe, les femmes respirables et sans voiles, les enfants. On les couvre d'injures, ils persistent. Et puis, ils disparaissent dans l'atmosphère, après avoir prouvé que les ombres ne sont pas noires mais bleues. La nature a rapidement révélé sa beauté. Il est stupéfiant qu'on l'oublie.</span><br />
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Courier New, Courier, monospace; font-size: large;"><i>Philippe Solers, Beauté, Éditions Gallimard, 2017, p 155-6.</i></span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-43838353044284605882016-11-10T00:14:00.001-08:002016-11-10T00:14:51.926-08:00Le paysage mité<br />
<br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"> La géographie humaine est la forme de l'Histoire. En quarante ans le paysage se refaçonna pour que passent les voitures. Elles devaient assurer le mouvement perpétuel entre les zones pavillonnaires et le parking des supermarchés. Le pays se piqueta de ronds-points. Désormais les hommes passeraient des heures dans leur voiture. Les géographes parlaient du « mitage » du territoire : un tissu mou, étrange, n'appartenant ni à la ville ni à la pastorale, une matrice pleine de trous entre lesquels on circulait...</span><br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;">« Il est possible que le progrès soit le développement d'une erreur.» *</span><br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace;"><i>* Citation de Jean Cocteau, p 61.</i></span><br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;">Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson, Éditions Gallimard, 2016, p. 60 et 61.</span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-859226506985506367.post-70187435542650882782016-11-03T02:20:00.001-07:002016-11-03T02:20:12.602-07:00En marchant...<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"> </span><br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;">" Les buis luisaient, cirés de lumière. Les toiles d'araignées cédaient à mon passage, sceaux de virginité du chemin. Les enclos de pierre se succédaient. Ils représentaient les travaux de ces jours où les hommes, marchant dans les forêts, n'étaient pas des <i>usagers d'espaces arborés</i>. Ces vestiges rehaussaient la solennité de l'ombre. Le chemin déboucha sur une perspective. Le Comtat se déployait, rayé d'asphalte. La rumeur des moteurs s'élevait. Dans mon dos : le lent aménagement des abris pastoraux. Devant moi : routes et voies zébrant la vallée où circulaient bêtes, hommes et marchandises. Dans le ravin, le monde d'hier. Vers le sud, le présent et déjà l'annonce des zones périurbaines avancées au pied du Ventoux. La conquête du territoire français par ce nouvel habitat avait été rapide. Quelques années suffirent à la chirurgie esthétique de la géographie. En 1945, le pays devait se relever. Redessiner la carte permettait de laver les hontes de 1940. La prospérité nouvelle assura le projet. L'État logea les enfants du baby-room. Les barres d'immeubles poussèrent à la périphérie des villes. Puis, il fallut <i>étaler l'urbanisme, c</i>omme le disaient les aménageurs. Leur expression était logique puisque le béton est liquide. L'heure fut au <i>désenclavement. </i>La ville gagnait du terrain. Ce fut le temps des ZUP dans les années 1960, des ZAC une décennie plus tard. Les autoroutes tendirent leurs tentacules, les supermarchés apparurent. La campagne se hérissa de silos..."</span><br />
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: "courier new" , "courier" , monospace; font-size: large;">Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, Éditions Gallimard, 2016, p 60-61.</span>jeandlerhttp://www.blogger.com/profile/12705159774349005122noreply@blogger.com1