jeudi 30 mai 2013

novembre en mai




     Brume de terre après la pluie. 

     On ne la voit pas naître ni s'élever;

 elle est là suspendue hésitante entre nuage 

et envie de pluie, s'étire lentement,

longuement,

comme sortant du sommeil, s'éveille, monte

enfin, et disparaît comme elle était venue,

sur la pointe des pieds.



lundi 27 mai 2013

quand vient décembre




    ... et voici que l'horloge s'affole de tac en tic sonne faux soudain ...

     " On a un calendrier intérieur et, à un certain moment, vient décembre en soi-même. On ne peut tout aimer ni comprendre. Il ne faut pas essayer de bluffer, (...). On a son calendrier neurophysiologique et il faut le respecter. "

George Steiner

mercredi 22 mai 2013

sur la route




Tout ce temps devant soi.
Ce temps a lui seul comme horizon.
Rien qu'à lui.
Sur la plage où vient mourir sa vie.


Nous avons avalé de la route sans prendre garde au paysage. Et voici que parvenus au seuil de la nuit, nous cherchons à voir.

samedi 18 mai 2013

la photo




La photo, mémoire facile.

Je remarque, au cours d'une promenade, d'une maison, les croisées, les dessus des croisées et les persiennes. Rentré chez moi, de mémoire, je cherche à en reproduire le dessin et je pense que la photo m'aurait dispensé de ce travail, de cet effort de mémoire. Si j'avais sous les yeux un cliché de ces fenêtres, je pourrai aisément les décrire. Ce qui évidemment est une erreur. L'erreur de la facilité. La dessinant, je serais allé jusque derrière la vitre ce que la photo ne permet pas.

jeudi 16 mai 2013

Toi, qui me lis...




Toi, 
qui me lis,
es-tu sûr de comprendre ma langue ?

J.L. Borges, Fictions, La bibliothèque de babel.

jeudi 2 mai 2013

( 170 bis )

02 mai 2013


     " Je rêve, et derrière mon esprit attentif, quelqu'un rêve avec moi. "
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité, p 131)

     C'est par cette citation du Portugais que s'achève les notes trouvées en ce carnet. Nous ne saurons donc pas si les retrouvailles ont eu réellement lieu. 

     Avec ce numéro 170 s'arrête cette introspection ou plutôt ce délire. J'ai cherché dans le cahier aux pages raturées, encombrées de citations, de notes de lecture... Je n'ai rien trouvé se rapportant à une suite possible à cette histoire. À ces divagations souvent naïves, parfois pathétiques, toujours vraies. Pas plus que je ne puis dire quoi que ce soit des deux protagonistes, sinon que vraisemblablement qu'il s'agit d'un homme déjà âgé et d'une toute jeune fille. Une histoire donc où tout reste à imaginer.

Jeandler.


mercredi 1 mai 2013

( 170 )

16 septembre


     J'ai eu la certitude de passer tout près, de frôler, de côtoyer, oui, de marcher du même pas un instant, en faisant route commune avec Toi, ce que faute d'autre mot moins galvaudé il me faut bien appeler un bonheur. Un moment, rien qu'un seul, où j'ai cru vivre en paix avec tous ceux qui habitent ce corps qui est le mien, enfin pacifiés et accordés, se taisant enfin un moment - ce moment de bonheur - où j'ai cru partager l'amitié avec Toi... Je sais qu'il existe, le bonheur, je l'ai rencontré, même si la porte qui lui donne accès est étroite et s'est vite refermée, cachée au fond de mes rêves.