mercredi 12 novembre 2014

Il n'y a pas photo






     Il me prit l'envie  - la nécessité  - de le photographier. Non par surprise, photos volées, faites de loin, téléobjectif aidant, mais de face, de près, en pleine lumière, lui en pleine connaissance de cause. J'en pris vite l'habitude. L'appareil toujours à portée de la main, en promenade, faisant les courses, en visite, au musée, à une exposition... Je ne m'en séparais plus. J'ai déjà vécu cette manie pour d'autres choses.

     Je les lui montrais, naturellement. Je ne suis pas aussi beau que cela , disait-il. La photo ment. Tu trafiques, tu joues avec la lumière. Tu triches avec mon image... Je riais. La photo est peut-être belle, je lui rétorquais, mais le sujet ? Il m'inspire, me donne des idées. Je t'étudie. Je t'observe. Te surprend dans des moments où tu ne t'y attends pas.. Je voudrais à travers elles te connaître... Tu me traques, alors ! Tu m'effaces ! et il riait. L'image emmagasinée et tu es déjà un autre... C'est ainsi que je te vois, seulement à l'instant de la prise de l'image. Et il est déjà trop tard. Je ne t'imagine pas. Je cherche à te peindre, à surprendre sur ton visage tes pensées du moment. L'instant présent. Ton présent.


      Qui es-tu pour me troubler ainsi ?







jeudi 16 octobre 2014

Et quand la mer...




Et quand la mer se retirera

t'accompagnant au loin

je resterais sur la plage

cherchant un coquillage

qui porté à mon oreille

me parlera de toi.

16 oct 2014










vendredi 5 septembre 2014

le vent (3)



Ne pourrais-tu tout de douceur

Batifoler et murmurer

Une tendre chanson

Qui me soit seulement caresse ?

*

Tu m'attises et m'attires

De ta souplesse lever les voiles

De tes feuilles aimer l'envers

Avec passion.

*

Tu surgis et rugis

En assauts répétés

Jamais lassé toujours insatisfait

Que serais-je sans toi ?



vendredi 22 août 2014

le vent (2)



Que cherches-tu, ô vent,

Tant de violence en toi

Pour me troubler ainsi

Et qui m'affole tant ?

*

Pour te mieux étreindre

Et ta ramure pénétrer

Ton corps modeler.



jeudi 14 août 2014

le vent





Je me perds et m'égare

Me révèle et chante.

*

Et me voici à terre gisante

Toi, le vent, parti ailleurs,

Ta proie abandonnée.

*

Ainsi  nos amours

S'enfuient et meurent

Un air qui passe

Sans portée

Tel un rêve brisé.



dimanche 6 juillet 2014

Soir 16



" L'herbe a envahi le chemin... "

Anton Tchékhov, La Cerisaie.


Nos pas usés

Le silence des arbres est tombé

Goutte à goutte

Le temps distillé.

lundi 16 juin 2014

Soir 15



Je t'aime 

et tu n'es plus là pour que te le dise encore.

Te l'ai-je jamais assez dit 

lorsque nous nous donnions la main 

sur la route ?

dimanche 1 juin 2014

Aimer





" Aimer, c'est l'innocence éternelle,

et l'unique innocence est de ne pas penser. "

F. Pessoa

mardi 20 mai 2014

vendredi 16 mai 2014

Soir 13



Il pleuvait fort ce juillet de cette année-là.

Nous plantions les iris dans la boue parce qu'il fallait bien les mettre en terre.

Tu tenais le parapluie pendant que j'œuvrais.

Et nous riions sous l'averse.
Nos premiers iris dans le jardin.

Tu n'es plus là aujourd'hui pour les voir fleurir.



mardi 6 mai 2014

soir 12



Dans la nuit

je t'ai pris par la main.


Dans la nuit

jusqu'au fond du jardin

je t'ai conduit.


Dans la nuit

dans les herbes 

sans bruit

brillait un vers luisant.


Dans la nuit

je t'ai alors embrassée

ton corps si tendre contre moi.


Dans la nuit.




samedi 26 avril 2014

jeu



   Elle s'éveille. La première. Il est allongé près d'elle bizarrement emballé dans une couverture. Il dort. Elle l'observe de côté, fixe son visage,le trouvant tellement ressemblant à celui de Charles, l'envie soudaine de porter un baiser sur son front, sur son nez, sur son menton, de rencontrer ses lèvres... Elle aimerait. Pourquoi ?

   Après l'amour, quand Charles gisait près d'elle ainsi sur le dos, assoupi, de son index elle dessinait délicatement son profil, partant du front, épousant la courbe du nez, allant jusqu'au menton mais lorsque le doigt atteignait la lèvre supérieure, alors celle-ci frémissait sous la caresse et soudain s'éveillant ou faisant semblant de s'éveiller, il saisissait son doigt baladeur, le mordillait, le prenant entre ses dents, soulevant la tête, la regardant et tout deux partaient d'un éclat de rire et finalement s'embrassaient.

   Mais ce matin-là, le doigt de Dane, aussi léger qu'il fût, atteignant le bas du nez, n'occasionna pas le titillement ancien. Paul s'éveillant brusquement souleva vivement la tête et lui jeta un regard surpris.

 - Tu es réveillée ? La découvrant réfugiée au creux de son épaule, son bras engourdi qui l'avait consolée dans la nuit encore autour de son cou à elle. Et tout de suite le besoin immédiat de se dégager de cette intimité partagée et forcée de la nuit. 

   - Comment vas-tu, dit-il en se redressant, s'asseyant au bord du lit. Je me suis endormi... 

   Elle lui a simplement souri et ajoute : il fait jour et je suis reposée, les fantasmes de la nuit évanouis. Grâce à toi qui m'a consolée.







lundi 21 avril 2014

soir 11



En lisant Tim Willocks ...

" La tristesse est le miroir du bonheur " (p 361)

" L'amour (p 403) apporte toujours la peur "

in La Religion, 2006

la peur de la perte.

vendredi 18 avril 2014

soir 10




Quand reviendront les beaux jours

Tu ne seras pas là

le jardin déserté

le printemps voilé.






samedi 12 avril 2014

soir 9




Ne t'avais-je pas trouvée que je te cherche encore 

tente de te débusquer, de te révéler ?

Non, ce n'est pas possible de partir ainsi

sans un mot 

sans un geste 

sans un regard

abandonnant ton sourire 

au seuil de la maison.








jeudi 10 avril 2014

soir 8




L'amour s'invente

Le bonheur se crée.

Qui sait où se perdent nos prières ?



samedi 5 avril 2014

soir 7




Un rideau de pluie ruisselle sur la vitre

et me cache ton visage.

Est-ce ainsi que l'on meure ?






jeudi 3 avril 2014

soir 6




Tu étais là voici un instant

et le disant j'entre dans les mots

qui dansent sur la page 

comme des spectres.



jeudi 27 mars 2014

soir 5



Ce que j'ai oublié de te dire.

Mais tu n'es plus là pour l'entendre

et ma voix s'est éteinte

étouffée dans un sanglot

pour le faire.




mardi 25 mars 2014

soir 4



Pourquoi es-tu partie

m'abandonnant sur le quai 

le train t'emportant 

glissant en silence 

t'éloignant à jamais de moi 

insensiblement 

ta valise oubliée 

esseulée et vide restée sur le banc ?




vendredi 17 janvier 2014

soir 3



L'ombre tentaculaire de l'arbre

vers la maison s'étend

une pieuvre l'absorbant.