29.O8.2010
Je les voyais
en cette fin d'après-midi
couché dans l'herbe
les nuages
littéralement disparaître
se dissoudre
se disqualifiant
comme battant en retraite
sans avoir combattu
jetant l'éponge
déclarant forfait
pour un peu plus loin et presque au même instant
se reformer
se concrétiser
bourgeonner à nouveau
et reprendre de l'importance.
Respiration inspiration profondes.
« Ainsi redécouvre-t-on, quelque fois, l’étrangeté des nuages. A la fin d’une journée qui a été très chaude, alors que le soleil est encore haut dans le ciel, celui-ci s’assombrit rapidement à l’ouest, en même temps que se lève avec soudaineté un vent violent ; en un pareil moment, on voudrait avoir pu discerner le lieu exact où il a commencé à souffler, sa source – comme d’une rivière. Changement d’ailleurs bienvenu, qui aidera les coupeurs de lavande à achever leur travail. Du coup s’anime le spectacle du ciel. Au-dessous du zénith resté d’un bleu pur, les plus hauts nuages, probablement des cirrus, sont d’immobiles lanières blanches ; au-dessous et au-devant des quelles passent, venues du nord, de lourdes masses grises ou ocre, épaisses, dont les formes, quand elles se détachent de la couche la plus basse, la plus stable aussi, changent rapidement, s’effilochent, s’éclaircissent. Combien pèse un nuage ? La charge de ceux-ci est, du moins peut-on l’espérer, sans poison, sans germes de mort ; au contraire peut-être : fertile.
RépondreSupprimerIls avancent donc très vite, mais avec une espèce de majesté, d’ailleurs rapidement entamée. On ne sait trop à quoi les comparer pour rendre compte de l’émotion qu’ils vous donnent, vaguement enthousiaste ; comme on en éprouve, serait-ce à son corps défendant, devant n’importe quel cortège. Peut-être à des montagnes légères, instables, déracinées, désamarrées ; ou à des troupeaux dociles aux cris du vent, se bousculant, fuyant on ne sait quoi.
A moins qu’il ne faille voir en eux, plutôt, des inventions du vent, variées, souples, mobiles, une des façons qu’il a trouvées, invisible, de se montrer, à partir de l’humide que la terre exhale.
(Au moment où j’écrivais mes premières notes à leur sujet, j’en voyais d’autres à l’angle supérieur droit d’une reproduction de Renaud et Armide de poussin que j’avais admiré deux mois auparavant au Musée Pouchkine, pareils à une fumée d’incendie – qu’ils étaient peut-être d’ailleurs – et associés aux chevaux d’un char de combat ; non sans raison, pour leur course, leurs croupes, leurs crinières. Cette rencontre fortuite avait de quoi fortifier encore l’espèce inattendue d’enthousiasme qui m’avait envahi avec le lever du vent). »
Philippe Jaccottet / Nuages / Édts Fata Morgana … p. 17 à 22
Merci, Maria, de ce beau texte de Jaccottet, sur ces êtres étranges que sont les nuages.
RépondreSupprimer" Combien pèse un nuage " ?
Les scientifiques le savent et leurs dires sont plus que déroutants, coupant les ailes de nos rêves...
J'aime beaucoup les carnets, une "correspondance" je pense avec ce que je ressens. Amitiés.
RépondreSupprimerComme des petits cotons qui disparaissent au fond de l'azur
RépondreSupprimer