dimanche 6 décembre 2015

le temps/ divagation sur le temps


  Le temps qu'il fait a fait ou fera est une préoccupation de tous les temps. Comme le temps de vivre et de mourir. Par temps de chien , il ne fait pas bon de mettre un chat dehors. Il y a temps pour tout, le bon comme le mauvais. Un contretemps est si vite arrivé ! Le temps des autres n'est pas toujours festif; pestif, merdique pour tout dire, le plus souvent. Prendre son temps comme il vient dit le philosophe au coin de son feu. Est-ce pour autant gagner du temps ? Le bon,le beau temps est celui d'hier autant dire le temps de l'imaginaire. Disserter sur le temps, une manière de passer le temps  et de fil en aiguille, il glisse entre les doigts comme le sable entre les doigts d'un enfant qui joue sur la plage.Un enfant qui joue avec le temps. 

   Avoir du temps est un bien précieux. Ne pas le perdre est essentiel. C'est devenu un luxe que d'avoir du temps à soi ! D'autant qu'il n'est pas un simple passe-temps. Travailler à mi-temps ou le temps précaire à défaut d'un temps plein, c'est déjà quelque chose. L'autre mi-temps, le temps volé, n'est pas perdu pour tout le monde. C'est du temps monnayé. Entre-temps, le tempérant, le temporise, l'économise. Au jeu, la mi-temps est espérée sinon désirée. Quand d'autres recherchent le temps perdu, les uns préfèrent l'intemporel ou le temps de l'oubli. Le temps t (petit ), celui de l'instant qui est aussi celui des physiciens. Le temps donné à la naissance nous est compté (avec la bénédiction de la déesse Parcimonie) comme le la qui vibre - bien ou mal, juste ou faux - à l'instant t zéro  au début du concerto. Tant pis, le tempo est pris, le pire se conjuguant toujours au futur. On ne perds jamais son temps sinon il y a déjà longtemps qu'on l'aurait retrouvé.

   À la fin du jour, on ne se couche jamais trop tôt pour retrouver le temps perdu. « Car il y a dans le monde où tout s'use, où tout périt, une chose qui tombe en ruine, qui se détruit encore plus complètement, en laissant encore moins de vestiges que la Beauté : c'est le Chagrin. »* Le temps du chagrin peut-il être celui de la beauté? Messian l'a mis en musique par temps vert de gris**. Tandis qu'aux temps modernes, Chaplin nous conduisait pas plus tard qu'hier. Est-ce pour autant un progrès ?

  On n'abolit pas le temps, tout au plus arrêterons-nous l'horloge. Mais le détraquer est une autre histoire. Bien que... le temps n'est plus le même, ma bonne dame ! Il n'y a plus de saisons... " La couleur du temps, aucun peintre ne l' a encore saisi à ce jour. Le temps des cerises, pas plus qu'un autre. « On n'arrête pas le temps, tout au plus peut-on en dessiner la courbure. »***,  sans jamais en voir le terme. Le mettrons-nous en procès comme c'est la mode aujourd'hui de tout mettre en accusation ? Mais il s'échappe à la fin de l'audience. Les gardiens du temple se sont fait la malle il y a belle heurette.****
   




Marcel Proust, Le temps retrouvé, 1954 Éditions Gallimard, p 695. 
** Messian, Quatuor pour la fin du temps, 1941.
*** Philippe Solers, Éloge de l'infini, Éditions Gallimard 2001 p 201.
**** Kronos, chez les Grecs anciens; Saturne, chez les Romains. 

2 commentaires:

  1. Belle et riche divagation sur le temps qui m'a donné envie de réentendre : Avec le temps va tout s'en va de Léo Ferre.
    (1970)

    "Avec le temps...
    Avec le temps, va, tout s'en va
    On oublie le visage et l'on oublie la voix
    Le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
    Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien
    Avec le temps...
    Avec le temps, va, tout s'en va
    L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
    L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
    Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
    D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
    Avec le temps tout s'évanouit
    Avec le temps...
    Avec le temps, va, tout s'en va
    Même les plus chouettes souvenirs ça t'as une de ces gueules
    A la Galerie je farfouille dans les rayons de la mort
    Le samedi soir quand la tendresse s'en va tout seule
    Avec le temps...
    Avec le temps, va, tout s'en va
    L'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
    L'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
    Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
    Devant quoi l'on se traînait comme traînent les chiens
    Avec le temps, va, tout va bien
    Avec le temps...
    Avec le temps, va, tout s'en va
    On oublie les passions et l'on oublie les voix
    Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
    Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid
    Avec le temps...
    Avec le temps, va, tout s'en va
    Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
    Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
    Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
    Et l'on se sent floué par les années perdues
    Alors vraiment
    Avec le temps on n'aime plus."

    «Avec le temps» de Léo Ferré : Paroles écrites et chanson composée en 1969, enregistrée en octobre 1970

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  2. Beau et suis émue de retrouver les mots et la voix de Ferré
    Merci à tous les deux pour cet espace de réflexion

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