jeudi 29 novembre 2012

( 92 )

14 juillet


     Dès qu'il pense à elle,  son image est-elle évoquée, son visage se dessine-t-il, qu'à l'instant même il sent descendre en lui une lame (une vague) de douleur et qui s'installe, s'incruste, viscérale, et qui s'épanouit. Cela le tient au milieu, au creux de son être. Serait-ce de ce point précis qu'Elle irradie et le travaille ?

     Touché par ce propos de Rilke qu'il vient de noter : La perte, toute cruelle qu'elle soit, ne peut rien contre la possession, elle la termine si vous voulez; elle l'affirme; au fond ce n'est qu'une seconde acquisition toute intérieure cette fois et autrement intense. 

     Touché et rassuré: Elle n'est pas perdue. Elle est absente. C'est cette absence qui le fait dériver.



lundi 26 novembre 2012

( 91 )

14 juillet


     Il, dit : L'ignorance n'est pas absence de souffrance.

     Il, dit aussi : Elle ou l'absolue nécessité.

     Lui, en ces jours de canicule ardents et brûlants : de cette lumière aveuglante, Elle en est le foyer immarcescible.

dimanche 25 novembre 2012

( 90 )

9 juillet


     Lui : Je ne veux (et ne peux) plus rien dire d'Elle. Faire un silence d' Elle. Serais-je fâché ? Non, désespéré et triste. Esseulé.

     Il, se répète : Je vis dans dans son ignorance. Dans son innocence qui est comme un sillage.

     Il y revient, butte à chaque instant sur une évidence; toutes ses pensées convergent vers un point unique de cristallisation : Elle, en majesté. Ce qu'un jour il lui faudra bien convenir et admettre : son amour.

     Il lit et note : La pesanteur impuissante du regret. Et que cette image fantôme se tend désormais vers autre chose que l'image : vers le récit.  (Hervé Guibert, Mes parents) 



samedi 24 novembre 2012

( 89 )

8 juillet


     Lui : Une journée sans Elle, sans penser à elle. Distraction ? Est-ce possible ?

jeudi 22 novembre 2012

( 88 )

7 juillet


      Il, en rage : Je voudrais tout oublier. Elle. L'oublier, au moins jusqu'à la rentrée, jusqu'à la fin du mois, jusqu'à demain. Je suis tout souffrance et inconsolable. À en pleurer.

      Il pense : l'analyse, le regard froid, la vue crue de la situation, comment l'approcher, comment l'atteindre ? La vérité - que l'analyse voudrait me faire toucher du doigt - où est-elle ? Existe-t-elle ? Quel recours m'apporterait-elle ? La vérité n'est-elle pas toujours triste ? Qu'en ferais-je alors que j'aspire à autre chose, à l'immédiat impossible. Comment les mots pourraient-ils m'apprendre à être sage alors que le raisonnable n'est pas de mise ici.

     L'oubli  est impossible. Elle et l'oubli, deux choses inconciliables. 



mardi 20 novembre 2012

( 87 )

7 juillet


     À chaque pas, sa présence, son image qui s'impose.

     La dernière fois, nous nous sommes quittés si bizarrement, si bêtement comme si nous ne nous quittions pas. Elle, inquiète, pressée, abrégeant, déjà ailleurs... Aventure, contact interrompu plutôt que rompu.

     Lui, délire : Je lui ai donné mon adresse et Elle n'écrit pas ! N'écrira pas. Mon téléphone aussi. Mais ne téléphone pas, ne téléphonera pas. Elle a jeté sitôt qu'accepté mon message, fait disparaître le papier jugé compromettant, ce papier qui lui brûlait les doigts. Je l'ai bien vu. Je ne saurais dire ce qu'elle en a fait après que je lui eus tendu. Elle l'a pris, l'a fait disparaître mais je ne sais où, poche, carnet, sac. Escamoté. S'en ait délesté dès la minute suivante. 



lundi 19 novembre 2012

( 86 )

5 juillet


     Lui : Trouver sa respiration. Son rythme. Une discipline pour espérer. Attendre et voir.

     Lui : Dans la rue, marchant seul. Elle bientôt (aussitôt) le rejoint. Son image.

     Que fait-elle en ce moment? Où est-elle ? Et de la maudire, de l'envoyer à tous les diables, faute de réponses. 

     Et de lui fabriquer aussitôt un visage souriant - son sourire ! - et être ému à cette évocation. L'appeler par son nom. Lui prendre la main. Déraison.



dimanche 18 novembre 2012

( 85 )

4 juillet


      Lui : Comment ne pas ne plus penser à Elle ne serait-ce qu'un instant ?

samedi 17 novembre 2012

( 84 )

3 juillet


     Il note : Aujourd'hui, beaucoup pensé à elle.

     Laconique. Morose et regrettant l'absente. Sans cesse ramené à Elle. Tenté de conclure comme on demande grâce, comme l'enfant cerné en son jeu crie : Pouce ! On se console comme on peut : Tout dépend de sa volonté, à Elle, dit-il.

     Arrêt sur image : son image, à Elle.
     Une image qui échappe qui résiste.
     Comme Elle.




jeudi 15 novembre 2012

( 83 )

1er juillet


     Lui, reprendrait-il à son compte Casanova ?

     " Qui a décidé de vivre selon ses désirs devient insaisissable "

      ou bien : 

      " La jouissance est l'absolu préservatif contre l'angoisse, les états morbides et l'agonie précoce. "

      Elle ou l'anecdote dépassée. Surpassée.
      Transmutation du métal vil en or pur.

      Lui, encore, frappé d'une vision : son ombre. Et si Elle n'était que l'ombre d'elle-même ?

      Lui, définitif : j'ai rêvé d'Elle.






mercredi 14 novembre 2012

( 82 )

1er juillet

  
     Il : Ne s'abîme-t-il en elle ? Métamorphose, transposition, masque. Anéantissement et résurrection en l'autre, sous l'aspect de l'autre. Je voudrais être toi. Ce qu'il a toujours rêvé, désiré. Comble de l'égoïsme! C'est toi, c'est elle, c'est moi que j'aime ? Images multiples que renvoient les miroirs : la pensée est miroir. Éclair brutal et fugitif. Se souvient-on de ce qui fut ainsi un instant montré ?



lundi 12 novembre 2012

( 81 )

30 juin


     Question : Montrez-nous, faites-nous découvrir cette merveille.

     Réponse : Je ne puis.

     Êtes-vous à sa hauteur (au sens d'un diapason accordé) ?

     Même en fermant les paupières, un risque d'accord, discret, fugace, volatil.

     Je te cherche, te trouve pour te perdre aussitôt.



samedi 10 novembre 2012

( 80 )

30 juin


      Elle : une création. Ma création. Au sens du sculpteur devant le bloc de marbre qu'il vient de convoiter. Tous les possibles y seraient-ils ? Non, rien qu'un possible. Un seul. Elle.

     Où sont les mots, se désespère-t-il ? Les mots pour Elle, pour dire l'infini de son regard, pour dire ses yeux et le feu qu'ils jettent où s'abîmer en eux ? Énigme. J'y pénètre pour mieux m'anéantir.

jeudi 8 novembre 2012

( 79 )

30 juin


     En ces temps de vacuité, il ne lui reste de possible que l'approfondissement. Je retournerai, dit-il, sur mes pas, sur nos pas. Voir si nous n'avons oublié quelques bribes de nous... Voyage à rebours. Recours. Appels. Remontant le cours du temps.

     Il pense : Serais-je attendu ? Entendu ? 



mardi 6 novembre 2012

( 78 )

30 juin


     " Un nom, celui de l'être aimé peut aspirer la totalité du désir ", la totalité de l'existence aspirée par ce désir. 

Cristallisation. Mirage suprême, objet de dévotion c'est-à-dire de total dévouement.

     Sans autre attrait que sa présence, que son existence avérée. Son être tû, son être su, son être espéré. Savoir qu'un tel être existe et que, lui, l'ait rencontré, leur route croisée... Cela même devait être considéré comme un bonheur au-delà de toute étape, par delà les chimères des jours.

      Par Elle, d'autres chemins ouverts. 

      Elle ou le partage. Offrande partagée. Dans ses yeux bue, dans son regard lovée. Communion mystique. Avec ou sans mystère, terre à terre. Éther.

      Elle ou l'éblouissement.



dimanche 4 novembre 2012

( 77 )

30 juin


     Sa rencontre avec Elle : il y avait désormais un avant et un après, donc, histoire.

     " Notre vie s'use en transfigurations. "
      R. M. Rilke 

vendredi 2 novembre 2012

( 76 )

30 juin


      Lui ; J'ai mal à ma mémoire. Déchirure qui n'est pas blessure. Si intime, si profonde. Pourquoi, s'interroge-t-il, cette insistance, cette persistance, cette résistance face à son insouciance à elle ? Indélébile et indicible.

     Lui : Que seront les retrouvailles ?