lundi 31 décembre 2012

( 106 )

24 juillet


     Il pense : Si l'amitié se décidait, relevait d'un acte volontaire, serait-Elle volontaire ?

     Il s'inquiète soudain. Une vision qui lui fait découvrir ce à quoi il n'avait pensé jusqu'alors. Tel un mauvais rêve, dirait-on. Un cauchemar. Un goût d'amertume. 

     Il a imaginé un scénario, répété la scène : une scène vulgaire, avilissante. Salissante à plaisir. Et cela colle de si près, convient si bien, épouse si justement le modèle en ses moindres détails que cela devient troublant de véracité, touchant de banalité. Une scène triviale. D'où aucun éléments contradictoires ne se révèlent, n'en viennent prouver l'inanité, l'absurdité, la fausseté. Cela reste du domaine du possible. Et cela néanmoins l'attriste parce que cela ternit l'image qu'il se fait d'Elle. Jusqu'à en souffrir. Serait-ce la vérité ? Cela serait alors horrible. Comment pourrait-Elle le rassurer ?

      Aurait-il crainte de s'être trompé sur Elle ? Peut-on se tromper sur Elle ?



samedi 29 décembre 2012

( 105 )

23 juillet


     Et soudain, fugitive mais réelle, sa silhouette s'impose, se dessine, incroyablement prégnante comme jamais. Faisant effort pour l'évoquer, Il n'avait réussi auparavant à la reconstituer... Et la voici,Elle, présente. Brève apparition. Radieuse apparition, certes, qui retourne aussitôt à la nuit.

     Il dit : Le bonheur réside dans l'art de transiger.

dimanche 23 décembre 2012

( 104 )

23 juillet


     Malgré tous les efforts dont Il est capable, Il ne parvient pas, ne serait-ce qu'évoquer, faire surgir - encore moins à fixer, ne serait-ce qu'un très court instant - ses traits, à Elle, son visage... Il n'obtient au mieux qu'une vague silhouette qui lui tourne aussitôt le dos, se dérobe, s'évanouit, un geste, une vague allure, quelque détail vestimentaire, une attitude familière, ou quelque endroit où ils se sont rencontrés comme s'Il ne l'avait jamais vue, observée, admirée, connue. Contours indécis qui se cantonnent, se dissimulent dans la brume du souvenir et qu'aucun soleil à son lever ne viendra chasser. À moins qu'Elle ne soit cette lumière qui éblouit.

vendredi 21 décembre 2012

( 103 )

23 juillet


     Un " regard romanesque ", lit-il, appliquant la formule immédiatement à Elle comme un prêt-à-porter. Un regard d'innocence qui s'essaie, qui tente  comme il est tenté. Verbes miroirs. Innocence provisoire, en attendant mieux.

mercredi 19 décembre 2012

( 102 )

23 juillet


     Il respire son odeur, à elle, qu'il vient de retrouver. Son parfum, oui, cette aura à fleur de peau, à fleur d'yeux. Regard et sourire : sa lumière. Un parfum de soleil qui flotte et qu'il respire.



lundi 17 décembre 2012

( 101 )

23 juillet


     Il tente d'imaginer la rentrée : comment vont-ils se retrouver s'ils se retrouvent ? Par surprise, commune volonté ? Dans les deux cas, c'est elle qui possède la décision. Ou bien le hasard  ou bien l'amitié. L'amitié contre l'aléatoire.

samedi 15 décembre 2012

( 100 )

23 juillet


     Avec sagesse, croit-il, il n'attend plus rien d'Elle. Une manière de dire qui engendre une pseudo-quiétude. Il n'attend plus que la rentrée et son retour à Elle. Les questions qui se posent : Quand, comment, dans quelles dispositions ? Elle, elle seule apportera les réponses. Ce qui ne l'empêche pas, Elle,  de hanter ses nuits à lui et d'occuper ses jours. Une fausse-absence qui l'habite.

jeudi 13 décembre 2012

( 99 )

20 juillet


     Il pense ou plutôt il la revoit, Elle, le quittant, tous les deux se quittant, et le petit signe de la main qu'elle lui adresse. Il revoit le signe de sa main. Et le sourire qui accompagne ce geste. Un signe comme se font deux amoureux... Mais à ce seuil s'arrête sa pensée, au bord du mot qu'il se réserve, pour lui, dans son silence intérieur, rien que pour lui et  pour Elle.

mardi 11 décembre 2012

( 98 )

19 juillet


     Lui : je ne parle - je ne désire - qu'un peu d'estime de sa part.

     Lui : Son nom, je le dis, le répète sans fin. Son nom est Joie.

lundi 10 décembre 2012

( 97 )

17 juillet


     La couleur de ses yeux, il ne peut se la remémorer. L'a-t-il surprise du moins ? Il n'a jamais pu la séparer du regard, trop mobile, du visage qui, à chaque instant, se dérobe. Il ne la voit pas : il la recompose, il l'admire.

samedi 8 décembre 2012

( 96 )

17 juillet


     Il la voit. Si calme, si droite. Droiture dissimulant mal sa timidité inquiète. Son air posé. Et son sourire qui soudain éclate. Il voudrait faire d'Elle un portrait exact, c'est-à-dire ressemblant. Mais son image est fugitive. Comme une invite à la suivre. Mais difficile à saisir car multiple. Elle lui laisse une prégnante et calme impression de beauté.

jeudi 6 décembre 2012

( 95 )

17 juillet


     On dit de moi que je ne suis pas souriant. Seule Elle pourrait me faire sourire. Sa présence me forcer à l'épanouissement. Devant Elle, avec Elle je suis. Enfin nature.

     Dans la rue, marchant, je ne fais que penser à Elle. La rue m'y invite. Tout visage croisé, lui ressemblant  de près ou de loin, un trait insignifiant la plupart du temps, me ramène à Elle. Allusions illusives en forme d'illuminations brèves. Et qui me font me retourner. Ma vue devient limitée.



mardi 4 décembre 2012

( 94 )

16 juillet


     Il lit : La blessure des rencontres, des regards qui font de vous quelqu'un que l'autre a fabriqué 

     qui font de vous - répète-t-il - De moi ! Mes regards qui l'ont fabriqué, Elle. Elle, l'intouchable, l'inatteignable. 

     Chaque jour comme un point au bout d'une ligne, d'une phrase sans Elle.

     Si retrouvailles ne devaient jamais avoir ni lieu ni temps : La perte, toute cruelle qu'elle soit (envisagée par Rilke) ne peut rien contre la possession, elle la termine si vous voulez; elle l'affirme; au fond ce n'est qu'une seconde acquisition toute intérieure cette fois et autrement intense. 

     Trouverais-je cette quiétude intense, cette sagesse journalière, cet apaisement ?



samedi 1 décembre 2012

( 93 )

15 juillet


     Par ma lecture, dans ma lecture, ramené à Elle, porté vers Elle au détours de chaque phrase, dérivant encore une fois vers Elle, dérapant en douceur, glissant...

     Stupéfait de l'avoir envisagé un instant comme un objet. Un objet perdu. Mortifié à cette pensée. Elle, réduite à cela, n'être qu'un corps que l'on réclamerai au bureau des objets perdus !

     Il pense : les retrouvailles lui appartiennent. Qu'en fera-t-elle si elles adviennent ? Comment notre amitié peut-elle être totalement de son fait, dépendre uniquement de sa volonté. Serais-je en dehors du jeu ? Hors-jeu ?


     

jeudi 29 novembre 2012

( 92 )

14 juillet


     Dès qu'il pense à elle,  son image est-elle évoquée, son visage se dessine-t-il, qu'à l'instant même il sent descendre en lui une lame (une vague) de douleur et qui s'installe, s'incruste, viscérale, et qui s'épanouit. Cela le tient au milieu, au creux de son être. Serait-ce de ce point précis qu'Elle irradie et le travaille ?

     Touché par ce propos de Rilke qu'il vient de noter : La perte, toute cruelle qu'elle soit, ne peut rien contre la possession, elle la termine si vous voulez; elle l'affirme; au fond ce n'est qu'une seconde acquisition toute intérieure cette fois et autrement intense. 

     Touché et rassuré: Elle n'est pas perdue. Elle est absente. C'est cette absence qui le fait dériver.



lundi 26 novembre 2012

( 91 )

14 juillet


     Il, dit : L'ignorance n'est pas absence de souffrance.

     Il, dit aussi : Elle ou l'absolue nécessité.

     Lui, en ces jours de canicule ardents et brûlants : de cette lumière aveuglante, Elle en est le foyer immarcescible.

dimanche 25 novembre 2012

( 90 )

9 juillet


     Lui : Je ne veux (et ne peux) plus rien dire d'Elle. Faire un silence d' Elle. Serais-je fâché ? Non, désespéré et triste. Esseulé.

     Il, se répète : Je vis dans dans son ignorance. Dans son innocence qui est comme un sillage.

     Il y revient, butte à chaque instant sur une évidence; toutes ses pensées convergent vers un point unique de cristallisation : Elle, en majesté. Ce qu'un jour il lui faudra bien convenir et admettre : son amour.

     Il lit et note : La pesanteur impuissante du regret. Et que cette image fantôme se tend désormais vers autre chose que l'image : vers le récit.  (Hervé Guibert, Mes parents) 



samedi 24 novembre 2012

( 89 )

8 juillet


     Lui : Une journée sans Elle, sans penser à elle. Distraction ? Est-ce possible ?

jeudi 22 novembre 2012

( 88 )

7 juillet


      Il, en rage : Je voudrais tout oublier. Elle. L'oublier, au moins jusqu'à la rentrée, jusqu'à la fin du mois, jusqu'à demain. Je suis tout souffrance et inconsolable. À en pleurer.

      Il pense : l'analyse, le regard froid, la vue crue de la situation, comment l'approcher, comment l'atteindre ? La vérité - que l'analyse voudrait me faire toucher du doigt - où est-elle ? Existe-t-elle ? Quel recours m'apporterait-elle ? La vérité n'est-elle pas toujours triste ? Qu'en ferais-je alors que j'aspire à autre chose, à l'immédiat impossible. Comment les mots pourraient-ils m'apprendre à être sage alors que le raisonnable n'est pas de mise ici.

     L'oubli  est impossible. Elle et l'oubli, deux choses inconciliables. 



mardi 20 novembre 2012

( 87 )

7 juillet


     À chaque pas, sa présence, son image qui s'impose.

     La dernière fois, nous nous sommes quittés si bizarrement, si bêtement comme si nous ne nous quittions pas. Elle, inquiète, pressée, abrégeant, déjà ailleurs... Aventure, contact interrompu plutôt que rompu.

     Lui, délire : Je lui ai donné mon adresse et Elle n'écrit pas ! N'écrira pas. Mon téléphone aussi. Mais ne téléphone pas, ne téléphonera pas. Elle a jeté sitôt qu'accepté mon message, fait disparaître le papier jugé compromettant, ce papier qui lui brûlait les doigts. Je l'ai bien vu. Je ne saurais dire ce qu'elle en a fait après que je lui eus tendu. Elle l'a pris, l'a fait disparaître mais je ne sais où, poche, carnet, sac. Escamoté. S'en ait délesté dès la minute suivante. 



lundi 19 novembre 2012

( 86 )

5 juillet


     Lui : Trouver sa respiration. Son rythme. Une discipline pour espérer. Attendre et voir.

     Lui : Dans la rue, marchant seul. Elle bientôt (aussitôt) le rejoint. Son image.

     Que fait-elle en ce moment? Où est-elle ? Et de la maudire, de l'envoyer à tous les diables, faute de réponses. 

     Et de lui fabriquer aussitôt un visage souriant - son sourire ! - et être ému à cette évocation. L'appeler par son nom. Lui prendre la main. Déraison.



dimanche 18 novembre 2012

( 85 )

4 juillet


      Lui : Comment ne pas ne plus penser à Elle ne serait-ce qu'un instant ?

samedi 17 novembre 2012

( 84 )

3 juillet


     Il note : Aujourd'hui, beaucoup pensé à elle.

     Laconique. Morose et regrettant l'absente. Sans cesse ramené à Elle. Tenté de conclure comme on demande grâce, comme l'enfant cerné en son jeu crie : Pouce ! On se console comme on peut : Tout dépend de sa volonté, à Elle, dit-il.

     Arrêt sur image : son image, à Elle.
     Une image qui échappe qui résiste.
     Comme Elle.




jeudi 15 novembre 2012

( 83 )

1er juillet


     Lui, reprendrait-il à son compte Casanova ?

     " Qui a décidé de vivre selon ses désirs devient insaisissable "

      ou bien : 

      " La jouissance est l'absolu préservatif contre l'angoisse, les états morbides et l'agonie précoce. "

      Elle ou l'anecdote dépassée. Surpassée.
      Transmutation du métal vil en or pur.

      Lui, encore, frappé d'une vision : son ombre. Et si Elle n'était que l'ombre d'elle-même ?

      Lui, définitif : j'ai rêvé d'Elle.






mercredi 14 novembre 2012

( 82 )

1er juillet

  
     Il : Ne s'abîme-t-il en elle ? Métamorphose, transposition, masque. Anéantissement et résurrection en l'autre, sous l'aspect de l'autre. Je voudrais être toi. Ce qu'il a toujours rêvé, désiré. Comble de l'égoïsme! C'est toi, c'est elle, c'est moi que j'aime ? Images multiples que renvoient les miroirs : la pensée est miroir. Éclair brutal et fugitif. Se souvient-on de ce qui fut ainsi un instant montré ?



lundi 12 novembre 2012

( 81 )

30 juin


     Question : Montrez-nous, faites-nous découvrir cette merveille.

     Réponse : Je ne puis.

     Êtes-vous à sa hauteur (au sens d'un diapason accordé) ?

     Même en fermant les paupières, un risque d'accord, discret, fugace, volatil.

     Je te cherche, te trouve pour te perdre aussitôt.



samedi 10 novembre 2012

( 80 )

30 juin


      Elle : une création. Ma création. Au sens du sculpteur devant le bloc de marbre qu'il vient de convoiter. Tous les possibles y seraient-ils ? Non, rien qu'un possible. Un seul. Elle.

     Où sont les mots, se désespère-t-il ? Les mots pour Elle, pour dire l'infini de son regard, pour dire ses yeux et le feu qu'ils jettent où s'abîmer en eux ? Énigme. J'y pénètre pour mieux m'anéantir.

jeudi 8 novembre 2012

( 79 )

30 juin


     En ces temps de vacuité, il ne lui reste de possible que l'approfondissement. Je retournerai, dit-il, sur mes pas, sur nos pas. Voir si nous n'avons oublié quelques bribes de nous... Voyage à rebours. Recours. Appels. Remontant le cours du temps.

     Il pense : Serais-je attendu ? Entendu ? 



mardi 6 novembre 2012

( 78 )

30 juin


     " Un nom, celui de l'être aimé peut aspirer la totalité du désir ", la totalité de l'existence aspirée par ce désir. 

Cristallisation. Mirage suprême, objet de dévotion c'est-à-dire de total dévouement.

     Sans autre attrait que sa présence, que son existence avérée. Son être tû, son être su, son être espéré. Savoir qu'un tel être existe et que, lui, l'ait rencontré, leur route croisée... Cela même devait être considéré comme un bonheur au-delà de toute étape, par delà les chimères des jours.

      Par Elle, d'autres chemins ouverts. 

      Elle ou le partage. Offrande partagée. Dans ses yeux bue, dans son regard lovée. Communion mystique. Avec ou sans mystère, terre à terre. Éther.

      Elle ou l'éblouissement.



dimanche 4 novembre 2012

( 77 )

30 juin


     Sa rencontre avec Elle : il y avait désormais un avant et un après, donc, histoire.

     " Notre vie s'use en transfigurations. "
      R. M. Rilke 

vendredi 2 novembre 2012

( 76 )

30 juin


      Lui ; J'ai mal à ma mémoire. Déchirure qui n'est pas blessure. Si intime, si profonde. Pourquoi, s'interroge-t-il, cette insistance, cette persistance, cette résistance face à son insouciance à elle ? Indélébile et indicible.

     Lui : Que seront les retrouvailles ?



mercredi 31 octobre 2012

( 75 )

30 juin


     Lui, résumant (gommant) la situation avec trivialité : Elle ou la belle inconnue.

     Lui, se délectant de cette définition liminaire de la théorie de l'attachement développée en éthologie et en psychologie : 

 L'attachement à un autre individu, quel qu'il soit, est une tendance primaire, plus précoce que la sexualité, nécessaire et structurante.

 Besoin de l'autre, attrait, attirance, désir (regret) de gémellité. Lui, ne pense qu'à elle.



lundi 29 octobre 2012

( 74 )

30 juin


     Lui : C'est une question de partage. Encore faut-il en braver l'acceptation.

     Lui s'inquiète : n'aurait-elle rien à partager ? Il chasse promptement cette malheureuse hypothèse. Sait-elle seulement que déjà elle existe ? Elle vieillira.

     Lui, soudain réaliste (gagné par le parti pris du réalisme rageur) : elle s'offre. Et se retire tout aussitôt.



vendredi 26 octobre 2012

( 73 )

30 juin


     Lui : étonné du calme qui l'habite, malgré (à cause ?) de l'absence de nouvelles d'elle. Rien. Pas un signe. Éloignement fatal. Est-il possible qu'en si peu de temps, qu'en si peu de jours (il compte encore en jours, bientôt ce sera en semaines) aplanissent, nivellent, abrasent le désir, estompent le sentiment, émousse la perception même la plus vive ? Devant une tristesse si affligeante, indolore à force que d'être douloureuse, ce qu'il faut bien maintenant nommer un " souvenir ", seule la mémoire est coupable d'en raviver - dérisoire attention - la fraîcheur.


mercredi 24 octobre 2012

( 72 )

30 juin


     Que cherchait-il sinon briser et rompre une effarante solitude ?

     D'un tel parcours, pensait-il, on ne sort pas intact.

     Il imagine la rencontre et son silence comme un beau moment d'inattention. C'était un beau rêve, simplement, ne pouvant se résoudre à l'emploi du définitif passé simple.

     Vacances : n'avoir rien ni personne à attendre. Rester en attente. En veilleuse.

     Elle : Elle est celle qui passe.




mardi 23 octobre 2012

( 71 )

30 juin


     Lui : construisant, bâtissant hypothèses sur hypothèses qu'il s'empresse aussitôt de disconvenir, de démentir, de dé-construire, aboutissant chaque fois à une impasse, contradictions en chaînes, démentis... Son rêve, sali de tant de suppositions, d'inductions, d'extrapolations, de supputations, doutes, conjectures, autant de jeux de l'esprit qui, heureusement, se trouvaient bientôt balayés, renvoyés au néant par la survenue, comme en surimpression, de son sourire à elle, le présence subite de son clair visage, soudain-là, dessinant tout l'espace de ses pensées, son visage éclatant, unique, ininterprétable, mirifique mais vision apaisante.



dimanche 21 octobre 2012

( 70 )

29 juin


     Une semaine déjà. 

     Revenant, ramené malgré lui à cette image de la séparation, image ultime : Elle - qui venait de mentir, de lui mentir - et pourquoi ? ne cessait-il de se demander - , courant sous la pluie, s'éloignant, disparaissant dans la bouche du métro dans le même mouvement au tournant de l'envie. Évanouie. Partie dans un monde où il ne serait pas.



samedi 20 octobre 2012

( 69 )

26 juin


     Il pense : Que me reste-t-il ?

     Un merveilleux souvenir.

     Le cœur à jamais  bouleversé .


     Réminiscences : Il revoit son arrivée. 

     Souple et raide à la fois. 

     À pas de velours.



vendredi 19 octobre 2012

( 68 )

24 juin


     Inquiétude permanente : comment vit-Elle sa propre existence ? Une vie double ? Comment peut-elle refuser sa propre essence journellement ? Pour lui, sa double vie ne le gêne pas. S'accepter. La société nivelle, émascule l'individu. Elle menace, elle sévit. Elle ne s'accommode que de consentants. Ceux qui se rebiffent, qui n'entrent pas dans le moule commun, sont mis d'une façon implacable à l'index, montrés du doigt, exclus, dénaturés. A ce que lui même a souffert par le passé, Il tremble pour Elle. S'accepte-t-Elle ? Se reconnaît-Elle ?


mercredi 17 octobre 2012

( 67 )

24 juin


     Par moments, par bouffées, il sent monter en lui le regret de ne pouvoir imaginer ce qu'en l'instant Elle fait. Que fait-elle ? Est-elle heureuse ? Ne pouvoir la suivre ne serait-ce que par la pensée. Ce refus, absurde pense-t-il, de se confier, de lâcher quelques bribes sur sa vie, d'en brouiller l'existence à plaisir... Petits lâchés et qui nourriraient son existence à lui.


lundi 15 octobre 2012

( 66 )

23 juin


     Il pense : Elle et moi habitons deux mondes si lointains que nous ne nous rentrerons jamais. Et cependant, nous nous sommes trouvés sans pour autant nous rapprocher. C'est - et il hésite à dire le mot  - notre drame. Il ajoute encore : Mon drame. Mais puis-je être un drame à moi seul ? 

     Il pense : Entreprendre quelque chose d'où elle serait absente, une activité où son image ne viendrait s'immiscer et s'imposer à mon esprit. Ne pas lire même un traité d'astronomie ou de géométrie. Elle en occuperait tout l'espace. Sa pensée, à chaque instant, me fait trébucher.


dimanche 14 octobre 2012

( 65 )

23 juin


     Le jeu est biaisé. Il ajoute : Les dés pipés. Le jeu est impur parce que double, mêlé. 

     Il pense : Je ne parviens plus à faire la part des choses, à démêler en elle ce qui relève du jeu pur et de la nécessité et le rôle que je tiens. Un rôle que j'assume si mal. Serait-elle capable de tromper, de me  tromper à ce point de perversité, de jouer  de ce jeu-là ?



samedi 13 octobre 2012

( 64 )

23 juin


     Recherche éperdue de l'amitié, du partage, du contact. Sevré à qui il manquera toujours la part femelle comme une clé qui se lamente de son introuvable serrure.

     Aurais-je la patience, se demande-t-il, de l'attendre ?

     Il l'interroge sur ses vacances. Réponse : Dans le Sud. Comble du laconisme. Méfiance. Il ne sait qu'y trouver.

     Il pense : Que me veut-elle dire à mots couverts. Ses mots ponctués de silences. Sinon me renvoyer aux errances de ma propre jeunesse perdue.



vendredi 12 octobre 2012

( 63 )

23 juin


     Il s'imagine au plus mal. À l'hôpital, par exemple. Regrette de ne pouvoir l'espérer à son chevet, une dernière fois serrer ses mains, se réjouir, la contempler... Serait-elle donc son dernier recours auquel pour survivre il doive absolument se raccrocher. Se sauver. S'en tirer. De quelle espérance se trouve-t-elle porteuse ? Il ne sait. Il ressent cela au plus profond de son être. Elle irradie. Il se place sous son charme. Aspire son souffle. Comme une nourriture. Possession. Dépossession. Mélange.


     

jeudi 11 octobre 2012

( 62 )

21 juin


     Curieux d'elle. Il la trouve curieuse.
     La beauté attire, dit-il.

     Rencontrée, aujourd'hui. Presque par hasard. Inattendue. Et qu'il surprend à mentir. Pour la première fois ? Pourquoi ce mensonge ? Besoin de se garder un territoire réservé ?

     Ils se saluent. Ne se retrouveront pas  (plus?)avant un long temps. Elle part.

     Qu'est-ce que je lui reproche en définitive ? De n'être pas mon chat.



mardi 9 octobre 2012

( 61 )

21 juin


     Soulagé, plus leste, il s'emploie à se conforter. Plus distant soudain d'elle comme ayant compris, deviné, touché du doigt, l'abîme qui les sépare tant qu'elle ne voudra de sa rive jeter l'ébauche d'un pont. La vue plus adoucie. Le paysage apaisé. Comme délivré d'une part de son désir. Plus raisonnable enfin ? Mais qu'est-ce que le raisonnable ici quand il ne s'agit que d'apaisement passager, celui que l'on ressent dans l'œil d'un cyclone où règne le silence.

dimanche 7 octobre 2012

( 60 )

21 juin


     Ils n'ont pas les mêmes besoins. Ils n'habitent pas au même étage.

     Ouvrant " La mémoire et l'oubli " de Bosquet, il lit : La désinvolture est la politesse des désespérés. 

Elle, désespérée ?



samedi 6 octobre 2012

( 59 )

21 juin


     Surprise à mentir. Elle veut rester indépendante. Un véniel larcin de jeunesse. Lui, il n'en souffre pas trop : cela fait partie de la règle du jeu, jeu dont il découvre petit à petit la loi,jeu qui peu à peu s'est établi entre eux. En ce jeu, son seul atout est la ruse. Elle dispose de l'aisance désinvolte de la jeunesse.



mercredi 3 octobre 2012

( 58 )

21 juin


     Quel besoin nécessaire lui avait-il fait défaut ? De quoi avait-il été sevré trop tôt pour qu'une vie déjà longue n'ait pas étanché la soif et l'envie et qu'il ne les trouve-là, qu'aujourd'hui ?


mardi 2 octobre 2012

( 57 )

20 juin


     Il réalise, tout à coup, que ce qu'il traque en elle, c'est sa propre image, son image vague à l'âme d'il y a trente ans. Narcissisme. Pur ou impur ? Tout est là. Le fantasme de toujours, du plus loin qu'il pouvait se souvenir.







lundi 1 octobre 2012

( 56 )

20 juin


     Il, surpris quand elle lui serre la main. Une poignée de main sans vigueur, molle, du bout des doigts, comme à regret. Il pense : Je n'ai pas su interpréter son geste. Et ajoute : Elle ne comprends pas mon insistance, ne veut lui donner son nom. Ne ferais-je pas mieux de disparaître, de m'éloigner ?

     Ce qui l'affole, c'est qu'elle refuse de se confier, qu'elle reste impénétrable et pourtant qu'elle revienne.





     

samedi 29 septembre 2012

( 55 )

20 juin


     Surprise, elle est là-bas ! Il la suit des yeux, la regarde s'éloigner et disparaître... C'était peut-être la dernière image qu'il aurait d'elle, pense-t-il. Une page qui se tourne.

jeudi 27 septembre 2012

( 54 )

19 juin


     Il avait tout donné, lui laissant l'initiative, lui offrant la possibilité de faire les premiers pas... Aurait-il le courage d'attendre le signe espéré sans courir au-devant ?

     Il pense encore : peut-on être aveugle à ce point ? Aveugle à ce qui crève les yeux. Les yeux emplis de soi.

     Il se demande, considérant ses multiples et répétés refus, s'il ne faut pas prendre tout cela comme seulement un divertissement ? Une simple lubie de sa part, à lui? Mais cela, il ne peut s'y résoudre. Ce serait trop triste, dit-il.



mercredi 26 septembre 2012

( 53 )

19 juin


     Attendue, prévue, revue.

     Fidèle ?

     Il la découvre. Dans son milieu. Ne se sachant pas observée. Tout un pan inconnu d'elle. Un autre visage. Insoupçonné. Un visage qu'il ne pouvait imaginer.

     Esprit étroit et guindé, replié sur lui-même, de la voir là, il n'avait pu l'imaginer ainsi, ce qui expliquait sa surprise  d'aujourd'hui. Il la découvrait maintenant autre.



mardi 25 septembre 2012

lundi 24 septembre 2012

( 51 )

15 juin


     Laisserai-je au temps cicatriciel, au temps castrateur, briseur d'élan, faire son œuvre, grisailler mon souvenir ? Ne dois-je pas au contraire, à l'instant, creuser le présent, le vider de son sens, de tous ses sens pendant qu'il en est encore temps ? En extraire le vif argent. L'éclat de lumière avant la poussée noire de l'oubli. Déplisser avant qu'elles ne soient froides les strates du temps. Avant l'érosion de l'éros.



samedi 22 septembre 2012

( 50 )

14 juin


     Comment n'aurait-il pas été touché et atteint, par ces lignes de Jankélévitch :

 " ... c'est un malheur de ne pas avoir rencontré la beauté, - un malheur ou une malchance; à peine plus qu'un regrettable petit ennui. Mais c'est un mal  de ne pas avoir été aimé. Dans le premier cas on dit c'est dommage; mais dans le second privé d'amour soupir : Hélas ! " (in  L'innocence et la Méchanceté), 

lui qui venait de la croiser et qui ne savait s'il était aimé ?


mercredi 19 septembre 2012

( 49 )

13 juin


     Le silence est une conspiration contre l'absence.

     Il pense, pensant à elle: " Je ne veux pas (pas encore) parler de souvenir mais de vision. D'émergence. De révélation. Je hante son ombre. "

mardi 18 septembre 2012

( 48 )

12 juin


     Il se dit, se console, somnole : " M'accoutumerais-je à son absence ? À ne plus l'attendre ?

samedi 15 septembre 2012

( 47 )

11 juin


     Il retrouve ceci, noté il y a quelque temps. Noté peut-être après leur dernière rencontre. " Va sans te retourner. Inutilement. Je te suivrais des yeux, partout. Sans espoir. Toujours par la pensée près de toi. Sans le dire. "

Cioran : " Les hommes les plus malheureux sont ceux qui n'ont pas le droit à l'inconscience. "

jeudi 13 septembre 2012

( 46 )

9 juin


      Il pense : les mots m'abandonneraient-ils - s'ils furent un jour possédés ! - me lâcheraient-ils au milieu du gué, en cette désespérance où je me trouve, où je plonge, où elle m'a mené (sans le vouloir, sans l'avoir prémédité un instant, je le crois, je veux le croire), me laissant sans un signe de vie, seul. Question cruelle : existe-telle encore en ce monde? Quelque malheur... Je n'ose poursuivre ma déraison... Je suis sans force, blessé, mortellement blessé, mortifié, abattu; sans voix, sans courage aucun. Le monde en moi s'est effondré. D'êtres plus malheureux, d'êtres plus esseulés, je ne puis les imaginer. Je ne veux plus penser à cette aventure; je veux me retirer avec ma douleur... Est-il possible de ne pas constamment penser à elle ?

     Il dit, un peu calmé, plus tard : je viens de vivre une aventure... Et sa pensée au bord du qualificatif se fige, hésite. Elle reste muette, se terre; elle reste en suspens au seuil du dire, éblouissante. Aveuglée de l'impossible vérité.



mercredi 12 septembre 2012

( 45 )

9 juin


     Il pense : le souvenir - si, aujourd'hui, c'est la seule chose à espérer qui subsiste, qu'elle soit refuge, secours, le seul recours - il faut qu'il soit à la mesure de son objet : magnifié et généreux. Une exaltation qui perdure.

     Il pense : j'ai atteint le plus profond. Qui est une sensation nouvelle. Je ne peux, ne pourrai, oublier.

lundi 10 septembre 2012

( 44 )

9 juin


     Que voulait-il, qu'allait-il dire pour qu'à mi-parcours le flot des paroles cesse subitement et que déjà sa pensée plus rapide (Ô combien plus vive !) caracolant  loin devant lui ait montré l'inanité de la poursuite sous peine de fausse route ? Elle ne pouvait rester que ce qu'elle était : un visage certes souriant mais désarmant.


     

samedi 8 septembre 2012

( 43 )

8 juin


     Je la provoque encore. La poursuit jusque dans ses retranchements.

     Il pense : ne suis-je pas allé trop loin, tranché dans le définitif ? Il dit : je n'irais pas au-delà. Mais qu'est-ce que cet au-delà ?

mercredi 5 septembre 2012

( 42 )

7 juin


     Il se sent étrangement libre depuis la rencontre de la veille, soulagé d'un énorme poids. Lui aurait-elle rendue sa légèreté par sa présence inespérée ? Curieusement, il n'attend désormais  plus rien.

lundi 3 septembre 2012

( 41 )

2 juin


     Elle désire rester masquée. Innommée.

     À la suite de quoi, comme une sensation de plénitude et de soulagement. C'est ce qu'il ressent. Soudain apaisé.

     Fin de l'acte.

samedi 1 septembre 2012

( 40 )

2 juin


     Comme une bouffée de chaleur qui monte soudain. Son souvenir, son image radieuse qui resurgit.

     "Il se réveille un matin dans ce qu'il écrit. " Philippe Sollers, Drame. 

     Il s'était donné quatre jours pour la retrouver.

     Jour 1 : liaison non établie. Déjà la pensée d'un mauvais calcul, d'une erreur qui se serait glissée. Mais toutes les données sont fausses. Faussées.

     Jour 2 : revue ! Par hasard, un hasard provoqué, recherché. Acharnement. Quelques pas ensemble. Accueil bizarre de sa part. Puis après séparation, retrouvailles tout aussi imprévues. Capricieuses. Étonnantes. Incompréhensibles, inattendues. Il ne sait plus que croire. Il la revoit l'instant d'avant, seule, qui partait. Image qu'il n'ose qualifier de pathétique. Retrouvailles donc. En forme d'adieu.



jeudi 30 août 2012

( 39 )

2 juin


     Le lieu. Elle. Tout de suite, aperçue. Et le signe de connivence, aimantation, attraction, gravité.

     Il avait tout tenté, tout quitté aussitôt, insatisfait de toutes ses expériences, de toutes ses précédentes randonnées, inassouvi perpétuel pour en arriver là, à cette perfection, à cet absolu, cette déesse vivante aperçue. Suffisamment reconnue pour dire, pour croire et le répéter : elle existe. Comme si toute son histoire, dans cet aboutissement, n'avait été que dans ce perfectionnement gagné pas à pas, une sorte d'édulcoration, d'affinement, de simplification mathématique, un épurement, se terminant, parvenant au modèle même, l'archétype, la pierre philosophale en son état natif dans le creuset de son imagination. Oui, se disait-il, j'ai touché le ciel; ce que je désirais, je l'ai vu. Rien n'a été refusé à mon cœur, disait-il.

     " Comme un bonheur fou enchaîné au désespoir. " Marguerite Duras, La pluie d'été. 

     Comme un objet minutieusement et longuement poli,  qu'à la fin il ne reste plus rien, la moindre aspérité à adoucir, la moindre surface à modeler. Une gemme parfaite captant amoureusement la lumière.

      " Toi, il te quittera pas, même s'il te laisse, il ne te quittera pas..." Marguerite Duras, La pluie d'été. 

     Il pense soudain... Peut-on, sans le vouloir, inspirer du bonheur, donner de la joie ? Il pense encore : c'est un bonheur que cette rencontre. Ce bonheur existe. Il est en moi. Je le vis. J'en souffre.



mardi 28 août 2012

( 38 )

2 juin


      Il ne se souvenait plus. Ne savait dater le  commencement mais les circonstances resurgissaient à la demande, précises, crues. Mais le jour, le mois ? Était-ce avant ou après Noël ou les congés de fin d'année ? Février, peut-être. Plus sûrement - il y avait eu cette semaine d'absence déjà. Mais quand ? En amont, en aval ? Fallait-il en tenir le compte ? Tenir un carnet ?

samedi 25 août 2012

( 37 )

2 juin


     Soupçonne-t-elle qu'elle est pour moi toute la lumière du monde ?

     J'avais promis (promesse à moi faite !) de ne rien dire de tout ce temps d'absence. Et me voici venu dans le temps de l'impatience. Le temps de l'exigence.



jeudi 23 août 2012

( 36 )

2 juin


     Encore la voix railleuse : et si elle n'était qu'un signe, un " signe entr'aperçu dans la lumière et l'ombre " ?

     Tantôt l'on me donne la feuille et n'ai rien pour y tracer ne serait-ce qu'un signe, tantôt j'ai le crayon mais la feuille reste cachée, hors de portée. De ma portée. Et j'étends désespérément le bras, la main et les doigts  à la recherche de l'insaisissable, qui se referment sur l'absente.

mardi 21 août 2012

( 35 )

2 juin


     Sa vie, à elle, à quoi ressemble-t-elle ? Il n'en savait strictement rien. Je ne parle même pas de ce à quoi elle pense (lire dans la pensée d'autrui, le secret des secrets, inaccessibles !), non, simplement ce qu'elle fait en ce moment précis, ce qu'elle aime, qu'elle soit là ou ailleurs, pouvoir l'imaginer dans un cadre, participer à ses soucis, ses tentations, ses aspirations... 

     Elle semblait n'être que de passage, une voyageuse de commerce qu'on ne croise qu'une fois.



samedi 18 août 2012

( 34 )

1er juin


     Et voici qu'une voix s'insinue et se glisse en lui, susurrant l'idée perverse, l'idée inverse. Vrille, éclair qui porte en lui la flèche, la lance, le feu, qui en un seul instant brûle et déchire.



vendredi 17 août 2012

( 33 )

1er juin


     À le resouvenance, j'en suis, comme aurait dit Montaigne, tout attendresi.

     Il voudrait tout le week-end rester dans cette attention attendrie. Légère et bleue. Diaphane. Que voici un joli mot pense-t-il. Si transparent.

     Il voyait clair à nouveau. Les yeux dessillés. La décantation effectuée par le temps, durant ce temps d'absence, cette parenthèse qui allait  -  du moins, le croyait-il  -  se refermer. Un joli mot et juste. Et se dessinait en lui, devant lui  -  comment dire ? -  l'impalpable vision  -  la silhouette diaphane, le visage lumineux aimé.  



mercredi 15 août 2012

( 32 )

30 mai


     Son retour prévu, programmé comme celui d'une comète attendue. Joie prévisible, déjà sensible. Déjà le ciel s'illumine.

     Un diable dit : " Et si tu t'aies trompé en tes calculs ? "

     Et c'est la question, la seule !

     Je ne veux espérer autre chose jusqu'au terme fixé.

     Refuserais-je déjà le combat, me préparant au recueillement du silence, au repli, à la défaite, me glissant lentement dans l'habitude de l'absence ?

     Ce que je retiens, ce qui me restera : l'éclat du météore. L'émerveillement de la vision. Les yeux éblouis.




     

     

mardi 14 août 2012

( 31 )

30 mai


      Tout ce temps passé qui passe me fait me conforter et enrichir le besoin que j'ai de sa présence. Toujours plus. Ne trouvant rien à redire, à remontrer. Le temps affine, dépouille. Et ce qui reste est plus qu'au premier jour. L'admiration augmentée, sans défaut, sans borne. Illimitée. Infinie.

     " Il revoit, c'est au mots de revoir pour lui..." (Drame, de Sollers)




dimanche 12 août 2012

( 30 )

30 mai


     Difficulté, de toujours, de retrouver de mémoire, de me figurer, de me représenter son visage, ses traits. Sa silhouette, je la vois se dessiner, s'animer. Mais son visage se refuse, m'échappe, me fuit.

     Je tente aujourd'hui de n'attendre rien, ne pouvant attendre, ne devant attendre. Pari. Cette décision prise, je me sens moins amoindri, je m'évade, je m'éloigne, je prends l'air et, marchant, j'évoque sa silhouette, calme, posée, sûre d'elle (candide ?), un peu raide, fière et triste, craintive malgré sa solide apparence... Je rêve par les rues en sa compagnie...