mercredi 30 janvier 2013

( 123 )

8 août


      Lui : Je me tais, je m'éloigne, Elle si loin déjà d'ici.

      Comme ces jeunes arbres que l'on voit s'élancer pleins de santé, de vigueur et d'allégresse et la question qui vient  : Que deviennent-ils ? Gagnant, perdant, on ne sait. Et ces jeunes sapins le renvoient vers Elle. À ses possibles. Avec une crainte aussi (et c'est là l'essentiel peut-être) de la cassure, de la blessure, de la fracture. Comment un être si .... et ses mots s'arrêtent là, au seuil du dire.

     " Je peux te voir encore et toujours ton sourire illuminera mes mots. " 

     Il lit : Ton visage s'effarouche doucement quand soudain une clarté de lampe se fait en moi, à l'endroit où l'on dit le plus douloureusement jamais ." (Paul Celan) 


mardi 29 janvier 2013

( 122 )

3 août


     Il reste seul. Seul à s'écorcher les pieds aux pierres du chemin. À se déchirer aux ronces du souvenir. Seul à partager cette amitié lointaine.

     Terre ! Terre ! s'écriait la vigie. Aux bord des larmes.

     Il lit : un arbre pour compagnon : " Cet arbre est là en familier, en voisin : invité. " À moins, pense-t-il, que ce soit moi l'invité de l'arbre, pensant à Elle.



dimanche 27 janvier 2013

( 121 )

2 août


     L'éternel soupçon qui resurgit :si ce sentiment qu' Il lui porte n'était pas partagé ? À cette idée, son corps meurt sous une volée de flèches invisibles et qui le brûlent.

     Es-tu si certaine que j'attends ?

     Que fais-tu de tout ce temps sans moi ? Que fais-tu, en ce instant même de ma folie ? Je crois aux mirages comme aux aurores boréales et guette au ciel de la nuit une étoile filante pour y confier mon vœux.



samedi 26 janvier 2013

( 120 )

2 août


     Sachant ne la revoir avant longtemps, Il voudrait ne plus se souvenir, n'être plus traversé à l'improviste de ces pensées contraires qui soufflent le chaud et le froid, génèrent et la joie et l'anéantissement, l'entraînent de l'espoir le plus fou à l'abandon le plus profond, tracent d' Elle les portraits les plus lumineux et les plus douloureux, en un mot, ballottent son pauvre esprit vulnérable et influençable d'un côté et d'autre, le fracassant sur les rochers et le laissant-là sans âme.



jeudi 24 janvier 2013

( 119 )

1er août


     Il tente d'imaginer ce que seront les retrouvailles, pense à ce moment mythique, à ce temps semble-t-il inaccessible et tout son être ébloui s'enflamme déjà, ne s'appartenant plus. Un mot, un seul, énorme parcourt son corps, l'envahit : Joie comme Elle.





     

mercredi 23 janvier 2013

( 118 )

30 juillet


     Lui : À distance (le temps passant), c'est sa jeunesse lumineuse à Elle qui le frappe, qui lui devient évidence. Une jeunesse indicible. Malgré toutes les tentatives, tous les efforts dont Il est capable, il ne parvient pas à se représenter son visage. Son visage comme perdu. Comme effacé de sa mémoire. Ne faut-il pas comprendre dans  ces maladroits et infructueux essais de dessiner ses traits que la beauté échappe à celui qui tente l'apprivoiser ?



lundi 21 janvier 2013

( 117 )

28 juillet


     Et la question lancinante  une fois de plus revient (est-ce l'effet d'un moment d'inactivité, d'un peu de quiétude, l'espace d'un vague à l'âme ?) : Que fais-tu en cette minute même, là, quand je pense à toi ? Comme si tu devais m'attendre, ne faire rien d'autre que m'attendre, n'être autrement que disponible et, pourquoi ne pas l'admettre - le dire - , les yeux sur moi à m'admirer.

samedi 19 janvier 2013

( 116 )

27 juillet


     Lui, au détour d'une page, lit ceci :

Cacher le désir, soit, mais pour quelle raison ? Je ne vis que grâce à lui - et Dieu sait que son accomplissement est très très loin.

et ce lointain accomplissement tout envisagé qu'il soit le laisse rêveur dans son besoin d' Elle.

vendredi 18 janvier 2013

( 115 )

27 juillet


     Lui : Tout encombré,façon de dire, l'esprit toujours inquiet d'Elle. Et Elle si fuyante, constamment se dérobant. N'aurait-il pas préféré, Ô combien,  qu'elle s'impose, la trop discrète, la trop réservée, la trop inquiète. Toujours sur la réserve, en partance... Mais alarmée de quoi, grands dieux ! Pourquoi si apeurée, si craintive, si crispée parfois jusqu'à en être troublée ? De sa jeunesse, peut-être... Toute encombré, donc. Son esprit, à Lui, investi devrait-il dire, ses pensées assiégées de sa pensée à Elle. Un long cheminement dans le silence d'Elle. Dans sa lumière. Sa présence rôdant en ce Golgotha. Enchantement et mélancolie, une douleur douce qui l'étreint et ses yeux se ferment sur sa passion inassouvie et son immarcescente attente silencieuse.


mercredi 16 janvier 2013

( 114 )

26 juillet


     Lui : Saurais-je vivre tout ce temps sans toi, sans connaître l'écueil de la divagation ? Temps d'errance. Temps d'impermanence. Perdu en mes errances. Où aller, vers quel lieu se diriger quand on a tout perdu et la vue d'une amie ? Présence-absence. Amère est la larme d'ennui.

     Lui : Je suis son prisonnier. Je ne suis libre que de l'aimer.

lundi 14 janvier 2013

( 113 )

26 juillet


     Lui : seul le sommeil me fait t'oublier quand je ne rêve pas de toi. Ma souffrance s'estompe alors et ma première pensée, au réveil, est pour toi. C'est toi qui m'attend au seuil de la journée, patiente, butée et fière. Et je te suis et te poursuis, toi l'indifférente. Ah ! ce privilège que celui de l'indifférence.


samedi 12 janvier 2013

( 112 )

26 juillet


     Lui : Qui me divertira d'Elle ? Par quel détour de la pensée et que je dois trouver ? Quand ce détour même me ramènerait-il à Elle, à Elle seule, comme on met le cap sur telle étoile par une nuit bleue, suivie jusqu'à son extinction ultime dans l'air  frais du matin. Toi seule peut être cette fraîcheur.

     Lui : Comment peux-tu imaginer, que dis-je, soupçonner mon tourment, toi, l'innocence même ? C'est cette jeunesse en toi que j'aime et qui nous tiendra éloignés l'un de l'autre à jamais.



jeudi 10 janvier 2013

( 111 )

26 juillet


     Lui, en cet enseulement ferme les yeux, s'enferme dans un silence de lumière, descend dans les souterrains  proches du rêve et ne pense qu'à Elle. Elle, toute de lumière,un être de lumière.... Mais là sa pensée bientôt s'égare. Nul écho, nul bruit ni chuchotement en ce séjour que l'ombre d'une lueur palote, celle de l'absente comme des grains de lumière picotant les paupières à trop de profondeur...

     Comment te demander de me laisser en paix quand c'est moi qui te cherche et que tu m'habites toute entière ? Ah! ces instants de silence que tu m'imposes comme la mer à son retour de marée... Le flot monte et me submerge et se retirant tout aussitôt me laisse pantois sur la grève et encore plus esseulé. Ne l'ai-je pas aperçue là-bas à découvert ?


mardi 8 janvier 2013

( 110 )

26 juillet


     Mémoire que la mémoire de l'absente.

     Absence-temps.

     Passage harassant au désert assoiffant.

     De nouveau, la blessure s'ouvre et pleure.

     Il pense : toute rencontre est blessure.

dimanche 6 janvier 2013

( 109 )

26 juillet


     Lire parfois le console, le rassure, le remplissant d'espoir. " Toute caresse, toute confiance se survivent. " ( R. Camus, Élégies pour quelques uns)

     " Mais bientôt la blessure se réveille. " (op. cité)

     Absence. Carence. Vacuité. Vacance.
     Éclipse. Inanité.
     Elle, l'inamissible, qu'il ne peut perdre.
     Le dictionnaire le remplit d'aise par son exemple donné : Ne donne-t-il pas la grâce pour illustrer l'inamissible ? Sa grâce, à Elle.



vendredi 4 janvier 2013

( 108 )

25 juillet


     Lui : N'est-ce pas l'ignorance dans laquelle Elle me laisse et l'incertitude pour moi qui en découle qui font que je suis tant attaché à Elle ?

     Lui : En ce désert, je ne puis plus dire son nom qu'à mi-voix...

     Lui, frappé par une difficulté possible : l'oubliais-je, déjà, le temps passant ? Je ne parviens plus à imaginer son visage.

     Lui, tenté de la voir partout et ce n'est que partout méprise.

     L'absent, a-t-il lu quelque part,  est celui qui doit revenir.

     Lui ; Je suis jaloux de ceux qui l'accompagnent, de ceux qui en ce moment la côtoient, de ceux qui ont ce privilège, à toutes heures, tous les jours, de la voir, de lui parler, de la toucher, de respirer à ses côtés. Une grâce qui ne m'appartient pas.



mercredi 2 janvier 2013

( 107 )

24 juillet


     Pourquoi craindre une telle avanie (sinon, autant lui reprocher), ce possible et qui cruellement le blesse ?