samedi 29 septembre 2012

( 55 )

20 juin


     Surprise, elle est là-bas ! Il la suit des yeux, la regarde s'éloigner et disparaître... C'était peut-être la dernière image qu'il aurait d'elle, pense-t-il. Une page qui se tourne.

jeudi 27 septembre 2012

( 54 )

19 juin


     Il avait tout donné, lui laissant l'initiative, lui offrant la possibilité de faire les premiers pas... Aurait-il le courage d'attendre le signe espéré sans courir au-devant ?

     Il pense encore : peut-on être aveugle à ce point ? Aveugle à ce qui crève les yeux. Les yeux emplis de soi.

     Il se demande, considérant ses multiples et répétés refus, s'il ne faut pas prendre tout cela comme seulement un divertissement ? Une simple lubie de sa part, à lui? Mais cela, il ne peut s'y résoudre. Ce serait trop triste, dit-il.



mercredi 26 septembre 2012

( 53 )

19 juin


     Attendue, prévue, revue.

     Fidèle ?

     Il la découvre. Dans son milieu. Ne se sachant pas observée. Tout un pan inconnu d'elle. Un autre visage. Insoupçonné. Un visage qu'il ne pouvait imaginer.

     Esprit étroit et guindé, replié sur lui-même, de la voir là, il n'avait pu l'imaginer ainsi, ce qui expliquait sa surprise  d'aujourd'hui. Il la découvrait maintenant autre.



mardi 25 septembre 2012

lundi 24 septembre 2012

( 51 )

15 juin


     Laisserai-je au temps cicatriciel, au temps castrateur, briseur d'élan, faire son œuvre, grisailler mon souvenir ? Ne dois-je pas au contraire, à l'instant, creuser le présent, le vider de son sens, de tous ses sens pendant qu'il en est encore temps ? En extraire le vif argent. L'éclat de lumière avant la poussée noire de l'oubli. Déplisser avant qu'elles ne soient froides les strates du temps. Avant l'érosion de l'éros.



samedi 22 septembre 2012

( 50 )

14 juin


     Comment n'aurait-il pas été touché et atteint, par ces lignes de Jankélévitch :

 " ... c'est un malheur de ne pas avoir rencontré la beauté, - un malheur ou une malchance; à peine plus qu'un regrettable petit ennui. Mais c'est un mal  de ne pas avoir été aimé. Dans le premier cas on dit c'est dommage; mais dans le second privé d'amour soupir : Hélas ! " (in  L'innocence et la Méchanceté), 

lui qui venait de la croiser et qui ne savait s'il était aimé ?


mercredi 19 septembre 2012

( 49 )

13 juin


     Le silence est une conspiration contre l'absence.

     Il pense, pensant à elle: " Je ne veux pas (pas encore) parler de souvenir mais de vision. D'émergence. De révélation. Je hante son ombre. "

mardi 18 septembre 2012

( 48 )

12 juin


     Il se dit, se console, somnole : " M'accoutumerais-je à son absence ? À ne plus l'attendre ?

samedi 15 septembre 2012

( 47 )

11 juin


     Il retrouve ceci, noté il y a quelque temps. Noté peut-être après leur dernière rencontre. " Va sans te retourner. Inutilement. Je te suivrais des yeux, partout. Sans espoir. Toujours par la pensée près de toi. Sans le dire. "

Cioran : " Les hommes les plus malheureux sont ceux qui n'ont pas le droit à l'inconscience. "

jeudi 13 septembre 2012

( 46 )

9 juin


      Il pense : les mots m'abandonneraient-ils - s'ils furent un jour possédés ! - me lâcheraient-ils au milieu du gué, en cette désespérance où je me trouve, où je plonge, où elle m'a mené (sans le vouloir, sans l'avoir prémédité un instant, je le crois, je veux le croire), me laissant sans un signe de vie, seul. Question cruelle : existe-telle encore en ce monde? Quelque malheur... Je n'ose poursuivre ma déraison... Je suis sans force, blessé, mortellement blessé, mortifié, abattu; sans voix, sans courage aucun. Le monde en moi s'est effondré. D'êtres plus malheureux, d'êtres plus esseulés, je ne puis les imaginer. Je ne veux plus penser à cette aventure; je veux me retirer avec ma douleur... Est-il possible de ne pas constamment penser à elle ?

     Il dit, un peu calmé, plus tard : je viens de vivre une aventure... Et sa pensée au bord du qualificatif se fige, hésite. Elle reste muette, se terre; elle reste en suspens au seuil du dire, éblouissante. Aveuglée de l'impossible vérité.



mercredi 12 septembre 2012

( 45 )

9 juin


     Il pense : le souvenir - si, aujourd'hui, c'est la seule chose à espérer qui subsiste, qu'elle soit refuge, secours, le seul recours - il faut qu'il soit à la mesure de son objet : magnifié et généreux. Une exaltation qui perdure.

     Il pense : j'ai atteint le plus profond. Qui est une sensation nouvelle. Je ne peux, ne pourrai, oublier.

lundi 10 septembre 2012

( 44 )

9 juin


     Que voulait-il, qu'allait-il dire pour qu'à mi-parcours le flot des paroles cesse subitement et que déjà sa pensée plus rapide (Ô combien plus vive !) caracolant  loin devant lui ait montré l'inanité de la poursuite sous peine de fausse route ? Elle ne pouvait rester que ce qu'elle était : un visage certes souriant mais désarmant.


     

samedi 8 septembre 2012

( 43 )

8 juin


     Je la provoque encore. La poursuit jusque dans ses retranchements.

     Il pense : ne suis-je pas allé trop loin, tranché dans le définitif ? Il dit : je n'irais pas au-delà. Mais qu'est-ce que cet au-delà ?

mercredi 5 septembre 2012

( 42 )

7 juin


     Il se sent étrangement libre depuis la rencontre de la veille, soulagé d'un énorme poids. Lui aurait-elle rendue sa légèreté par sa présence inespérée ? Curieusement, il n'attend désormais  plus rien.

lundi 3 septembre 2012

( 41 )

2 juin


     Elle désire rester masquée. Innommée.

     À la suite de quoi, comme une sensation de plénitude et de soulagement. C'est ce qu'il ressent. Soudain apaisé.

     Fin de l'acte.

samedi 1 septembre 2012

( 40 )

2 juin


     Comme une bouffée de chaleur qui monte soudain. Son souvenir, son image radieuse qui resurgit.

     "Il se réveille un matin dans ce qu'il écrit. " Philippe Sollers, Drame. 

     Il s'était donné quatre jours pour la retrouver.

     Jour 1 : liaison non établie. Déjà la pensée d'un mauvais calcul, d'une erreur qui se serait glissée. Mais toutes les données sont fausses. Faussées.

     Jour 2 : revue ! Par hasard, un hasard provoqué, recherché. Acharnement. Quelques pas ensemble. Accueil bizarre de sa part. Puis après séparation, retrouvailles tout aussi imprévues. Capricieuses. Étonnantes. Incompréhensibles, inattendues. Il ne sait plus que croire. Il la revoit l'instant d'avant, seule, qui partait. Image qu'il n'ose qualifier de pathétique. Retrouvailles donc. En forme d'adieu.