lundi 31 décembre 2012

( 106 )

24 juillet


     Il pense : Si l'amitié se décidait, relevait d'un acte volontaire, serait-Elle volontaire ?

     Il s'inquiète soudain. Une vision qui lui fait découvrir ce à quoi il n'avait pensé jusqu'alors. Tel un mauvais rêve, dirait-on. Un cauchemar. Un goût d'amertume. 

     Il a imaginé un scénario, répété la scène : une scène vulgaire, avilissante. Salissante à plaisir. Et cela colle de si près, convient si bien, épouse si justement le modèle en ses moindres détails que cela devient troublant de véracité, touchant de banalité. Une scène triviale. D'où aucun éléments contradictoires ne se révèlent, n'en viennent prouver l'inanité, l'absurdité, la fausseté. Cela reste du domaine du possible. Et cela néanmoins l'attriste parce que cela ternit l'image qu'il se fait d'Elle. Jusqu'à en souffrir. Serait-ce la vérité ? Cela serait alors horrible. Comment pourrait-Elle le rassurer ?

      Aurait-il crainte de s'être trompé sur Elle ? Peut-on se tromper sur Elle ?



samedi 29 décembre 2012

( 105 )

23 juillet


     Et soudain, fugitive mais réelle, sa silhouette s'impose, se dessine, incroyablement prégnante comme jamais. Faisant effort pour l'évoquer, Il n'avait réussi auparavant à la reconstituer... Et la voici,Elle, présente. Brève apparition. Radieuse apparition, certes, qui retourne aussitôt à la nuit.

     Il dit : Le bonheur réside dans l'art de transiger.

dimanche 23 décembre 2012

( 104 )

23 juillet


     Malgré tous les efforts dont Il est capable, Il ne parvient pas, ne serait-ce qu'évoquer, faire surgir - encore moins à fixer, ne serait-ce qu'un très court instant - ses traits, à Elle, son visage... Il n'obtient au mieux qu'une vague silhouette qui lui tourne aussitôt le dos, se dérobe, s'évanouit, un geste, une vague allure, quelque détail vestimentaire, une attitude familière, ou quelque endroit où ils se sont rencontrés comme s'Il ne l'avait jamais vue, observée, admirée, connue. Contours indécis qui se cantonnent, se dissimulent dans la brume du souvenir et qu'aucun soleil à son lever ne viendra chasser. À moins qu'Elle ne soit cette lumière qui éblouit.

vendredi 21 décembre 2012

( 103 )

23 juillet


     Un " regard romanesque ", lit-il, appliquant la formule immédiatement à Elle comme un prêt-à-porter. Un regard d'innocence qui s'essaie, qui tente  comme il est tenté. Verbes miroirs. Innocence provisoire, en attendant mieux.

mercredi 19 décembre 2012

( 102 )

23 juillet


     Il respire son odeur, à elle, qu'il vient de retrouver. Son parfum, oui, cette aura à fleur de peau, à fleur d'yeux. Regard et sourire : sa lumière. Un parfum de soleil qui flotte et qu'il respire.



lundi 17 décembre 2012

( 101 )

23 juillet


     Il tente d'imaginer la rentrée : comment vont-ils se retrouver s'ils se retrouvent ? Par surprise, commune volonté ? Dans les deux cas, c'est elle qui possède la décision. Ou bien le hasard  ou bien l'amitié. L'amitié contre l'aléatoire.

samedi 15 décembre 2012

( 100 )

23 juillet


     Avec sagesse, croit-il, il n'attend plus rien d'Elle. Une manière de dire qui engendre une pseudo-quiétude. Il n'attend plus que la rentrée et son retour à Elle. Les questions qui se posent : Quand, comment, dans quelles dispositions ? Elle, elle seule apportera les réponses. Ce qui ne l'empêche pas, Elle,  de hanter ses nuits à lui et d'occuper ses jours. Une fausse-absence qui l'habite.

jeudi 13 décembre 2012

( 99 )

20 juillet


     Il pense ou plutôt il la revoit, Elle, le quittant, tous les deux se quittant, et le petit signe de la main qu'elle lui adresse. Il revoit le signe de sa main. Et le sourire qui accompagne ce geste. Un signe comme se font deux amoureux... Mais à ce seuil s'arrête sa pensée, au bord du mot qu'il se réserve, pour lui, dans son silence intérieur, rien que pour lui et  pour Elle.

mardi 11 décembre 2012

( 98 )

19 juillet


     Lui : je ne parle - je ne désire - qu'un peu d'estime de sa part.

     Lui : Son nom, je le dis, le répète sans fin. Son nom est Joie.

lundi 10 décembre 2012

( 97 )

17 juillet


     La couleur de ses yeux, il ne peut se la remémorer. L'a-t-il surprise du moins ? Il n'a jamais pu la séparer du regard, trop mobile, du visage qui, à chaque instant, se dérobe. Il ne la voit pas : il la recompose, il l'admire.

samedi 8 décembre 2012

( 96 )

17 juillet


     Il la voit. Si calme, si droite. Droiture dissimulant mal sa timidité inquiète. Son air posé. Et son sourire qui soudain éclate. Il voudrait faire d'Elle un portrait exact, c'est-à-dire ressemblant. Mais son image est fugitive. Comme une invite à la suivre. Mais difficile à saisir car multiple. Elle lui laisse une prégnante et calme impression de beauté.

jeudi 6 décembre 2012

( 95 )

17 juillet


     On dit de moi que je ne suis pas souriant. Seule Elle pourrait me faire sourire. Sa présence me forcer à l'épanouissement. Devant Elle, avec Elle je suis. Enfin nature.

     Dans la rue, marchant, je ne fais que penser à Elle. La rue m'y invite. Tout visage croisé, lui ressemblant  de près ou de loin, un trait insignifiant la plupart du temps, me ramène à Elle. Allusions illusives en forme d'illuminations brèves. Et qui me font me retourner. Ma vue devient limitée.



mardi 4 décembre 2012

( 94 )

16 juillet


     Il lit : La blessure des rencontres, des regards qui font de vous quelqu'un que l'autre a fabriqué 

     qui font de vous - répète-t-il - De moi ! Mes regards qui l'ont fabriqué, Elle. Elle, l'intouchable, l'inatteignable. 

     Chaque jour comme un point au bout d'une ligne, d'une phrase sans Elle.

     Si retrouvailles ne devaient jamais avoir ni lieu ni temps : La perte, toute cruelle qu'elle soit (envisagée par Rilke) ne peut rien contre la possession, elle la termine si vous voulez; elle l'affirme; au fond ce n'est qu'une seconde acquisition toute intérieure cette fois et autrement intense. 

     Trouverais-je cette quiétude intense, cette sagesse journalière, cet apaisement ?



samedi 1 décembre 2012

( 93 )

15 juillet


     Par ma lecture, dans ma lecture, ramené à Elle, porté vers Elle au détours de chaque phrase, dérivant encore une fois vers Elle, dérapant en douceur, glissant...

     Stupéfait de l'avoir envisagé un instant comme un objet. Un objet perdu. Mortifié à cette pensée. Elle, réduite à cela, n'être qu'un corps que l'on réclamerai au bureau des objets perdus !

     Il pense : les retrouvailles lui appartiennent. Qu'en fera-t-elle si elles adviennent ? Comment notre amitié peut-elle être totalement de son fait, dépendre uniquement de sa volonté. Serais-je en dehors du jeu ? Hors-jeu ?