mercredi 31 octobre 2012

( 75 )

30 juin


     Lui, résumant (gommant) la situation avec trivialité : Elle ou la belle inconnue.

     Lui, se délectant de cette définition liminaire de la théorie de l'attachement développée en éthologie et en psychologie : 

 L'attachement à un autre individu, quel qu'il soit, est une tendance primaire, plus précoce que la sexualité, nécessaire et structurante.

 Besoin de l'autre, attrait, attirance, désir (regret) de gémellité. Lui, ne pense qu'à elle.



lundi 29 octobre 2012

( 74 )

30 juin


     Lui : C'est une question de partage. Encore faut-il en braver l'acceptation.

     Lui s'inquiète : n'aurait-elle rien à partager ? Il chasse promptement cette malheureuse hypothèse. Sait-elle seulement que déjà elle existe ? Elle vieillira.

     Lui, soudain réaliste (gagné par le parti pris du réalisme rageur) : elle s'offre. Et se retire tout aussitôt.



vendredi 26 octobre 2012

( 73 )

30 juin


     Lui : étonné du calme qui l'habite, malgré (à cause ?) de l'absence de nouvelles d'elle. Rien. Pas un signe. Éloignement fatal. Est-il possible qu'en si peu de temps, qu'en si peu de jours (il compte encore en jours, bientôt ce sera en semaines) aplanissent, nivellent, abrasent le désir, estompent le sentiment, émousse la perception même la plus vive ? Devant une tristesse si affligeante, indolore à force que d'être douloureuse, ce qu'il faut bien maintenant nommer un " souvenir ", seule la mémoire est coupable d'en raviver - dérisoire attention - la fraîcheur.


mercredi 24 octobre 2012

( 72 )

30 juin


     Que cherchait-il sinon briser et rompre une effarante solitude ?

     D'un tel parcours, pensait-il, on ne sort pas intact.

     Il imagine la rencontre et son silence comme un beau moment d'inattention. C'était un beau rêve, simplement, ne pouvant se résoudre à l'emploi du définitif passé simple.

     Vacances : n'avoir rien ni personne à attendre. Rester en attente. En veilleuse.

     Elle : Elle est celle qui passe.




mardi 23 octobre 2012

( 71 )

30 juin


     Lui : construisant, bâtissant hypothèses sur hypothèses qu'il s'empresse aussitôt de disconvenir, de démentir, de dé-construire, aboutissant chaque fois à une impasse, contradictions en chaînes, démentis... Son rêve, sali de tant de suppositions, d'inductions, d'extrapolations, de supputations, doutes, conjectures, autant de jeux de l'esprit qui, heureusement, se trouvaient bientôt balayés, renvoyés au néant par la survenue, comme en surimpression, de son sourire à elle, le présence subite de son clair visage, soudain-là, dessinant tout l'espace de ses pensées, son visage éclatant, unique, ininterprétable, mirifique mais vision apaisante.



dimanche 21 octobre 2012

( 70 )

29 juin


     Une semaine déjà. 

     Revenant, ramené malgré lui à cette image de la séparation, image ultime : Elle - qui venait de mentir, de lui mentir - et pourquoi ? ne cessait-il de se demander - , courant sous la pluie, s'éloignant, disparaissant dans la bouche du métro dans le même mouvement au tournant de l'envie. Évanouie. Partie dans un monde où il ne serait pas.



samedi 20 octobre 2012

( 69 )

26 juin


     Il pense : Que me reste-t-il ?

     Un merveilleux souvenir.

     Le cœur à jamais  bouleversé .


     Réminiscences : Il revoit son arrivée. 

     Souple et raide à la fois. 

     À pas de velours.



vendredi 19 octobre 2012

( 68 )

24 juin


     Inquiétude permanente : comment vit-Elle sa propre existence ? Une vie double ? Comment peut-elle refuser sa propre essence journellement ? Pour lui, sa double vie ne le gêne pas. S'accepter. La société nivelle, émascule l'individu. Elle menace, elle sévit. Elle ne s'accommode que de consentants. Ceux qui se rebiffent, qui n'entrent pas dans le moule commun, sont mis d'une façon implacable à l'index, montrés du doigt, exclus, dénaturés. A ce que lui même a souffert par le passé, Il tremble pour Elle. S'accepte-t-Elle ? Se reconnaît-Elle ?


mercredi 17 octobre 2012

( 67 )

24 juin


     Par moments, par bouffées, il sent monter en lui le regret de ne pouvoir imaginer ce qu'en l'instant Elle fait. Que fait-elle ? Est-elle heureuse ? Ne pouvoir la suivre ne serait-ce que par la pensée. Ce refus, absurde pense-t-il, de se confier, de lâcher quelques bribes sur sa vie, d'en brouiller l'existence à plaisir... Petits lâchés et qui nourriraient son existence à lui.


lundi 15 octobre 2012

( 66 )

23 juin


     Il pense : Elle et moi habitons deux mondes si lointains que nous ne nous rentrerons jamais. Et cependant, nous nous sommes trouvés sans pour autant nous rapprocher. C'est - et il hésite à dire le mot  - notre drame. Il ajoute encore : Mon drame. Mais puis-je être un drame à moi seul ? 

     Il pense : Entreprendre quelque chose d'où elle serait absente, une activité où son image ne viendrait s'immiscer et s'imposer à mon esprit. Ne pas lire même un traité d'astronomie ou de géométrie. Elle en occuperait tout l'espace. Sa pensée, à chaque instant, me fait trébucher.


dimanche 14 octobre 2012

( 65 )

23 juin


     Le jeu est biaisé. Il ajoute : Les dés pipés. Le jeu est impur parce que double, mêlé. 

     Il pense : Je ne parviens plus à faire la part des choses, à démêler en elle ce qui relève du jeu pur et de la nécessité et le rôle que je tiens. Un rôle que j'assume si mal. Serait-elle capable de tromper, de me  tromper à ce point de perversité, de jouer  de ce jeu-là ?



samedi 13 octobre 2012

( 64 )

23 juin


     Recherche éperdue de l'amitié, du partage, du contact. Sevré à qui il manquera toujours la part femelle comme une clé qui se lamente de son introuvable serrure.

     Aurais-je la patience, se demande-t-il, de l'attendre ?

     Il l'interroge sur ses vacances. Réponse : Dans le Sud. Comble du laconisme. Méfiance. Il ne sait qu'y trouver.

     Il pense : Que me veut-elle dire à mots couverts. Ses mots ponctués de silences. Sinon me renvoyer aux errances de ma propre jeunesse perdue.



vendredi 12 octobre 2012

( 63 )

23 juin


     Il s'imagine au plus mal. À l'hôpital, par exemple. Regrette de ne pouvoir l'espérer à son chevet, une dernière fois serrer ses mains, se réjouir, la contempler... Serait-elle donc son dernier recours auquel pour survivre il doive absolument se raccrocher. Se sauver. S'en tirer. De quelle espérance se trouve-t-elle porteuse ? Il ne sait. Il ressent cela au plus profond de son être. Elle irradie. Il se place sous son charme. Aspire son souffle. Comme une nourriture. Possession. Dépossession. Mélange.


     

jeudi 11 octobre 2012

( 62 )

21 juin


     Curieux d'elle. Il la trouve curieuse.
     La beauté attire, dit-il.

     Rencontrée, aujourd'hui. Presque par hasard. Inattendue. Et qu'il surprend à mentir. Pour la première fois ? Pourquoi ce mensonge ? Besoin de se garder un territoire réservé ?

     Ils se saluent. Ne se retrouveront pas  (plus?)avant un long temps. Elle part.

     Qu'est-ce que je lui reproche en définitive ? De n'être pas mon chat.



mardi 9 octobre 2012

( 61 )

21 juin


     Soulagé, plus leste, il s'emploie à se conforter. Plus distant soudain d'elle comme ayant compris, deviné, touché du doigt, l'abîme qui les sépare tant qu'elle ne voudra de sa rive jeter l'ébauche d'un pont. La vue plus adoucie. Le paysage apaisé. Comme délivré d'une part de son désir. Plus raisonnable enfin ? Mais qu'est-ce que le raisonnable ici quand il ne s'agit que d'apaisement passager, celui que l'on ressent dans l'œil d'un cyclone où règne le silence.

dimanche 7 octobre 2012

( 60 )

21 juin


     Ils n'ont pas les mêmes besoins. Ils n'habitent pas au même étage.

     Ouvrant " La mémoire et l'oubli " de Bosquet, il lit : La désinvolture est la politesse des désespérés. 

Elle, désespérée ?



samedi 6 octobre 2012

( 59 )

21 juin


     Surprise à mentir. Elle veut rester indépendante. Un véniel larcin de jeunesse. Lui, il n'en souffre pas trop : cela fait partie de la règle du jeu, jeu dont il découvre petit à petit la loi,jeu qui peu à peu s'est établi entre eux. En ce jeu, son seul atout est la ruse. Elle dispose de l'aisance désinvolte de la jeunesse.



mercredi 3 octobre 2012

( 58 )

21 juin


     Quel besoin nécessaire lui avait-il fait défaut ? De quoi avait-il été sevré trop tôt pour qu'une vie déjà longue n'ait pas étanché la soif et l'envie et qu'il ne les trouve-là, qu'aujourd'hui ?


mardi 2 octobre 2012

( 57 )

20 juin


     Il réalise, tout à coup, que ce qu'il traque en elle, c'est sa propre image, son image vague à l'âme d'il y a trente ans. Narcissisme. Pur ou impur ? Tout est là. Le fantasme de toujours, du plus loin qu'il pouvait se souvenir.







lundi 1 octobre 2012

( 56 )

20 juin


     Il, surpris quand elle lui serre la main. Une poignée de main sans vigueur, molle, du bout des doigts, comme à regret. Il pense : Je n'ai pas su interpréter son geste. Et ajoute : Elle ne comprends pas mon insistance, ne veut lui donner son nom. Ne ferais-je pas mieux de disparaître, de m'éloigner ?

     Ce qui l'affole, c'est qu'elle refuse de se confier, qu'elle reste impénétrable et pourtant qu'elle revienne.