samedi 30 juin 2012

( 10 )

19 mai

La couleur de ses yeux ? Bleus, je m'en souviendrais. Je l'aurais remarqué comme verts.
Pers, peut-être.

Le mirage de la beauté. La beauté de hasard, de surcroît. Essence et non essentiellement de nature. Elle se cultive.

Ainsi de toute la journée, je n'aurais cessé un instant de penser à toi moi qui craignait tant de devoir noter un certain détachement.

Ce que je désire :


" l'Aimer vrai : ne plus se demander si on aime davantage qu'on est aimé. " Claude Roy, L'Étonnement du voyageur.

Suite de la lecture et qui me ramène à toi :


" Deux façons de n'avoir rien à se dire : le désaccord parfait ou l'accord presque si parfait qu'on semble s'être déjà tout dit, qu'on s'entend à demi-mot, ou sans aucun mot. " Claude Roy, op. cit.

Une telle œuvre ! Et comment peut-elle être, pourrait-elle être défigurée dépareillée d'un défaut d'une tare  et qui serait injure à nos rêves ? Ce serait un déni à la beauté.

Et plus la journée s'étire et touche à son terme et plus ta pensée m'obsède. Distant ce matin, je suis ce soir comme au premier jour sous le charme. Obscur attrait. Surprenante lumière. Je ne sais. Souffrance.





jeudi 28 juin 2012

( 9 )

17 mai

     Le fil est rompu. Non de mon fait, de ma volonté. Si je ne cherche pas trop, pas trop profond, je n'en ressens pas d'inquiétude. Je veux dire que ce qui m'eut placé dans une inquiétude folle il y a quelque temps me trouve aujourd'hui serein. Espoir de reprendre le fil ? Certitude de renouer ? À voir.

     " Les commencements ont des charmes inexprimables " (Molière - Don Juan)... pour qui sait les apprécier.
Et les surprendre avec le sourire du chat.

Silence - " Il va falloir que je m'applique à faire taire ces bruits bruyants qui couvrent le murmure de la vraie source. Retrouver ce silence où le rouge-gorge et l'étonnement d'être osent de nouveau chanter. C'est dans le plus profond silence qu'on entend ce que dit le silence. " (Claude Roy, L'Étonnement du voyageur)

Zone de silence. Expectative.
Droit d'attendre et d'espérer.
Attente fondée et prudente.
Que je suis devenu raisonnable !

N'aimerais-je plus ?

Les démons resurgissent dès la question posée.







mercredi 27 juin 2012

( 8 )

12 mai

     Éblouissement. L'oubli est-il pensable en cette extrémité ? Proximité de l'égarement, à trop y revenir . À trop y retourner. Ivresse. Trouble. Folie trouble.


     Que restera-t-il, les fumées dissipées ? La vérité nue ? Est-elle possible quand elle frôle le vertige ? Vérité du vertige qui peut la dire ? Un vertige tentation. Saisi. Transi. S'y résume, s'y concentre un foyer de vie. Un creuset de sensations. Un abîme.

     Oui, entrer en abîme. Que la chute est enviée. Fasciné, réduit, trompé : ébloui.

     Est-ce affaire (victime) de faiblesse ?

     Mais si l'on n'était touché que resterait-il du monde, à passer si près des êtres et des choses le regard froid ? Un monde mort.

     " Qui cherche la vérité doit être prêt à l'inattendu, car elle est difficile à trouver et, quand on la rencontre, déconcertante . " Héraclite

mardi 26 juin 2012

( 7 )

12 mai

     Suis-je attentif à ce que tu m'apprends de toi et que je n'entends ?

     Que vas-tu me dire auquel je ne sois aveugle ?

     Une passion non partagée.


     Une passion  muette ?


     Vertige.

     Vertige, de " vertere ", tourner.


     Je tourne en rond.

samedi 23 juin 2012

( 6 )

12 mai

     Je pourrais dire : te souviens-tu de nos premiers pas ? Comme si nous nous attendions de toujours. Pas besoin de préambule, de gestes de reconnaissance; une connivence immédiate entre nous. Le coup d'œil infaillible... Le lieu ? Les vertus du lieu aidant, guidant nos premiers pas, les favorisant ? Comment pourrais-tu te souvenir de tout cela quand déjà sur mon nom tu avais fait l'impasse ?


*


      " Le temps compte-t-il encore ? Ce qui est arrivé, avant, nous croyions le savoir; de fait, nous n'en savons rien. De ce qui adviendra après, nous prévoyons tout le tragique; de fait, nous n'en savons rien. Il nous reste ce présent. Nous nous y livrons entiers. " (p 72)


     " ... il ne dépend pas de nous de ne pas mourir, comme il ne dépend pas de nous de ne pas aimer. Si tout est regret, le plus grand ne serait-il pas de ne pas avoir aimé ? "


François Cheng, Quand reviennent les âmes errantes,Albin Michel, 2012





mercredi 20 juin 2012

( 5 )

12 mai

     Ne suis-je pas entrain de me renvoyer à ma propre solitude ne pouvant établir le dialogue, la communication ? Par ton refus, tu me renvoies à ma solitude, ne voulant (ne pouvant/ n'ayant rien à partager ?) t'ouvrir à mon histoire et refusant que je pénètre en la tienne. Refus de poursuivre plus avant la partie commencée. Car c'est bien un jeu que nous avons débuté, dis-moi ? Mais tu ne réponds pas, ne répondras pas. Cela ne t'intéresse pas. Cela fait partie de ton jeu à toi. La pièce n'a pas commencée : le rideau est resté baissé.

mardi 19 juin 2012

( 4 )

11 mai

     Un reproche - serait-il calculé, voulu de moi comme explication ? - tu manques de confiance. Tu ne seras pas ce que je veux t'offrir et partager; tu le refuses. Tu y es sourd. Un secours amical, n'en n'aurais-tu le besoin ? Sais-tu ce que cela peut être ? Ton rêve égoïste te suffit-il ? Le reste étant négligeable, quantité dérisoire, en regard.

     La fiction donne des ailes. Elle nous porte, nous entraîne à une vitesse délirante dans un paysage sans géographie connue, à une vitesse intemporelle qui abolit les obstacles, les raisons, les questions. Course de haies sans faute.

samedi 16 juin 2012

(3)

11 mai

     Je m'éveille ce matin l'esprit tranquille, sans angoisse particulière, serein... Aurais-je découvert, aurais-je atteint ou trouvé l'angle de vue qui calme ? N'est-ce pas plutôt l'effet de la distance (depuis tant de temps que dure l'aventure), l'effet de l'éloignement, du temps passé ? Existe-t-il des mots qui, agencés de telle ou telle manière, pourraient me conforter en cette tranquillité ? Le sourire du lion ? Une trêve ? Parenthèse, accalmie ? Aurais-je gagné la cohérence ?

     Dans cette aspiration, ce désir de clarté, d'ouverture, sans pour autant en finir (mais est-il possible, à ce moment, de mettre un point final et qui soit irrémédiable catastrophe, négation existentielle; ce qui serait tout perdre et la poursuite de l'aventure et la trame de l'histoire). C'est donc vers une troisième voie, une voie de traverse, que je m'engage, décidé de biaiser, ne pouvant loyalement combattre - puisque toute lutte, toute discussion est refusée par ailleurs - donc par ruse, laissant tomber le parti de la querelle que je commençais à faire, que sans doute, seul, j'alimentais de mauvaises raisons, de faux bois et vert, donc par crainte aussi de tout perdre, ou du moins de ne rien gagner à ce jeu (jeu mal compris en face) relâchant l'emprise, annulant la pression; je me prépare à transiger (sans espoir de concessions ni contreparties); je me replie, me réfugie dans le silence, dans l'attente, l'observation; je choisis l'expectative. Trouvant, me donnant pour excuse, comme raison, sa jeunesse. Mon devoir (credo ?) : laissons la paix entre nous. Cessons les provocations. Il n'y a pas d'abonné au numéro que vous demandez me susurre une voix nasillarde au creux de l'écouteur.

la vie bouleversée (2)

23 mars

     Ne t'attendrais-je déjà plus avec la même impatience fébrile - ta présence espérée  ton regard surpris ces minutes volées -  la flamme déjà vacillante sans souffle ni désir ? L'habituelle rencontre manquerait-elle d'imprévu de piquant ? Cette répétition aurait-elle déjà rassasié l'assoiffé ?

8 avril

Je pense à toi à ce que demain je voudrais te dire à la conversation que je voudrais avoir avec toi. J'y pense. La formule, la reformule. À voix basse alignant les termes. Je pense et imagine tes réponses, celles espérées, celles qui feraient plaisir. Et je sais aussi que rien ne sera comme je l'imagine en ce moment, de plein-pied. Qu'il me faudra  tout reprendre, repenser, imaginer encore, improviser.

Le résultat : je suis seul, pris au piège, celui que je me suis crée. Mon propre enfermement.

Qu'est-ce donc que l'amitié sans disponibilité de l'un pour l'autre ?

30 avril

À tant penser à toi sur le matin me rendormant j'ai fini par rêver de toi. Tu avais de beaux yeux verts et clairs et m'embrassais.

mercredi 13 juin 2012

La vie bouleversée (1)

10 février

J'ai espéré cependant attendu ton arrivée tant désirée te voir venir surgir sachant - une intuition - que tu ne viendrais pas prémonition comme ce jour dès le réveil autre matin j'avais su fantasque à moins d'un  oubli un empêchement ça se dit c'est prévu pour je cherche pour toi des excuses des raisons. Que ne m'as-tu prévenu préparé pour le cas où laissé entendre je ne viendras pas aujourd'hui une autre fois un autre jour tu ne savais pas ne prévoyais pas on ne sait et moi n'entendant rien ne voyant rien ne voulant comprendre tout dans mon aveuglement confusion des paroles c'est trop tard que l'on entend que l'on comprend et si cela ne se dit cela avait été la dernière fois la dernière fois la dernière te retrouver et ça ne peux le croire déchiré amputé de ton absence et je m'éloigne sans y croire.

"Y avait-il encore à ce point d'autres façons de s'abuser soi-même ? " dit l'Iconoclaste.


                                            
13 février

Il y a dans toute rencontre comme dans toute amitié une part de détresse, partagée ou non, consciente ou inconsciente.

27 février

 

      J'aimerais te parler longuement mais tu n'aimes pas apparemment discuter toujours  sur l'esquive comme fuyant un danger immanent. J'aimerais tant parler de toi te questionner mais tu évites habilement de répondre. J'aimerais que tu me dises ce que tu fais ce que tu espères ce à quoi tu rêves mais ta fierté n'aime pas répondre à de telles questions.

"Être libre est autant une condition immédiate qu'une condition essentielle de la pensée. "
M. Perahia


mardi 12 juin 2012

La vie bouleversée

 


" Laisser celui qu'on aime entièrement libre. Le laisser vivre sa vie, c'est la chose la plus difficile au monde. "

Une vie bouleversée, Etty Hillesum

mardi 5 juin 2012

carnet 27

26.05.2012



Près de la mare

le chant lancinant des grenouilles

un ploc dans l'eau

le silence rétabli