lundi 30 juillet 2012

( 24 )

29 mai


     En absence de connaissances, on ne peut que s'attendre à tout ou à rien, croire à tout ce qui passe, à tout moment. Devenir fou. Un signe, un seul, et je suis soulagé ou jeté dans la tourmente. Un signe et je vis ou je meurs. L'attente : un temps mort.


     Attente latente.
     Je n'attends rien : j'attends tout.
     Je n'imagine plus. N'ai plus la force d'imaginer. Temps creux de l'attente.
     
     Temps vide. L'attente blanche.





dimanche 29 juillet 2012

( 23 )

27 mai




     Est-ce la fin de la journée, la retombée de cette terrible absence, de ce vide effrayant ? Soudain plus calme, plus lucide aussi. Peut-être la verrais-je ce soir enfin telle qu'elle est, lavée, débarrassée de toute perversité dans un ciel devenu enfin clair ? 


     La clarté de son regard peut-il être trompeur ? L'aurais-je oublié pour ne pas le croire ? Oui, je la vois.

vendredi 27 juillet 2012

( 22 )

28 mai


     L'attente : temps noir où l'on n'aperçoit  que le désir brisé.


     Absence de lieu.


     Sans heure.


     Sans mots pour la dire.

mardi 24 juillet 2012

( 21 )

27 mai  


     Faisons le point dit-il. Résumons. Élaguons.


     Peine perdue : l'aiguille est déboussolée. Le nœud trop serré, la situation nouée.


      Une image s'impose. Son image. Retour au point de départ. Imprécise et belle comme un souvenir, immodeste, toujours neuve. Native et fraîche. Une image à boire pour épancher quel désir ?


     Son image ne me quitte pas, dit-il. Quand elle, s'est peut-être déjà éloignée. Une pensée qui le conduit alors au bord des larmes comme on descend vers la mer un soir de tempête.


     Il ? L'attaché, le subjugué. Celui qui est sous le charme sous le joug. Séduit. Réduit. Ensorcelé. Vassalisé. Désir de se fondre, de s'anéantir en elle. Métamorphose. Èpousailles. Communion. Disparition.







dimanche 22 juillet 2012

( 20 )

25 mai


     À tant te chercher, j'étais persuadé que nous ne pouvions qu'avoir des choses à partager. Que nous étions faits l'un pour l'autre. Que nous étions faits pour nous rencontrer. Prêts à l'échange.


     Peut-on se tromper à ce point ? Être aveuglé par tant d'évidente clarté ?


     La mesure-démesure de l'éblouissement.
Peut-on en décompter le temps ?

vendredi 20 juillet 2012

( 19 )

25 mai


     Sans nouvelles. Absence. Silence. Pesanteur.
     Ce n'est pas une aventure, mais deux aventures qui ne concordent pas, qui ne se rencontrent plus. Je ne peux croire à quelque chose de déjà fini, de définitivement mort. Non. Ce n'est pas aussi net que cela. Cela ne se peut.


     L'impossible oubli.


     Je n'ose penser à l'abandon. Y croire. Je ne peux.


     Me consolant, me tournant vers le mot et je lis qu'il vient de l'ancien français à bandon  qui signifie " au pouvoir de " : action de laisser à discrétion de quelqu'un, de renoncer.


Laissé au pouvoir de l'angoisse, de la solitude, ce serait cruauté.
Peut-on être cruel par indifférence, inconscience ? Infliger des blessures invisibles en jouant. Jouer avec le feu. Un jeu cruel. 





mercredi 18 juillet 2012

( 18 )

23 mai




     La façade lisse de son visage laisse tout à deviner.


     Derrière les arbres, les herbes folles. La maison aux volets verts est belle et silencieuse. Elle est fermée.


     Paupières tournées vers un rêve : un regard éclatant, une sérénité inoubliable, la perfection lumineuse, la régulière clarté, une émanation radieuse.


     Suis-je lucide ? 
     Du grec leukos, blanc. Lux, lucis, " lumière du jour considérée à l'origine comme apaisante et divinisée ".


     " Un désir voilé de tendresse " (Julia Kristeva, op.cit.)





mardi 17 juillet 2012

( 17 )

23 mai


     Et si c'était le silence - son silence - que je cherche en la personne aimée ?


     Ne bouge plus ! Comme pour une photo. Je regarde son visage seulement; j'écoute son silence; cherche à comprendre, à percer, transpercer, dépasser... Je me noie dans son silence, m'abreuve de son silence, m'y anéanti.


     Le danger : s'éloigner du réel qui est platitude.


     Admiration : effet de miroir. Près de soi.
     Ad mitari, miratis : étonnement.
     Verbe mirari, s'étonner.
     Ad, préfixe latin marquant une direction d'approche ou de mise en contact.



samedi 14 juillet 2012

( 16 )

23 mai


     Je vais murmurant son nom à tous les vents.


     Je voudrais savoir mais ne sais rien.
     J'erre. Somnambule.
     Mouche qui a perdu une aile : je tourne en rond.


     L'autre est meilleure que moi.


     Ne sommes nous pas le meilleur de l'autre et vice versa ?
     Amour secret de soi.


     L'amorti de l'oubli.


     L'autre est peut-être un mensonge. La vérité, le revers du mensonge, où se cache-t-elle ? Pour vivre, elle doit rester cachée.


     Tel un éclat de lumière obscure.







jeudi 12 juillet 2012

( 15 )

22 mai




     Qu'y a-t-il de pire que l'absence de signes, pire que le silence, sinon la mort, l'inexistant ? Parce que dans ce silence-là, on se sent réduit à quantité négligeable. Et cette réduction, cet anéantissement, cette négligence est insupportable : elle nie l'être. Le sujet. Moi. Moi qui pense tant à toi.


     Puis-je au moins espérer une tristesse lucide ?


     La vraie question peut-être : une sympathie, le sentiment que l'on a pour une personne peut-elle, peut-il, ne pas être partagé(e) ? Qu'en est-il alors des atomes que l'on dit crochus ? Qu'en est-il du fondement même de la rencontre - si elle a bien eut lieu - mais a-t-elle eu lieu? Que penser des raisons mêmes qui ont rendu possible cette rencontre ? Une tocade ? Je ne veux y croire. Ne peux. Examiner la question est déjà douleur.


     La perfection est un mirage.


     C'est sa négligence qui me suffoque, me taraude. Son absence d'attention. Sa légèreté d'être.


     Je lui offre. Je m'offre et on n'a que faire de ce présent encombrant. Nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Nous ne parlons pas la même langue.


     En amour, il faut soigner le temps affirme Julia Kristeva.


     " On voit bien - précise-t-elle - qu'il n'y a pas de temps sans amour. Le temps est amour des petites choses, des rêves, des désirs. On n'a pas le temps parce qu'on n'a pas assez d'amour. On perd son temps quand on n'aime pas. On oublie le temps passé lorsqu'on n'a rien à dire à personne. Ou bien on est prisonnier d'un faux temps qui ne passe pas. "
(Julia Kristeva, Les Samouraïs, Introduction)



mardi 10 juillet 2012

( 14 )

22 mai


     Ce n'est pas moi cette fois qui passe à côté des choses. C'est la chose qui est passée près de moi sans me voir.


     Contact non rétabli.


     L'impensable : nous quitter ainsi sans se quitter. Sans avoir rien dit.


     Je ferme les yeux, m'adosse au fauteuil, me cale au fond du fauteuil et regarde au fond de mon être, rentre en moi-même. Qu'ai-je perdu ? Une perte qui fait mal. Où se cache mon mal ?


     Qu'y a-t-il de pire que l'absence, pire que le silence sinon la mort ou l'inexistant ? Parce que dans ce silence-là, on se sent réduit à quantité négligeable. Et cette réduction, cet anéantissement, cette négligence est insupportable : elle nie l'être, le sujet. Moi. Moi qui ne fait que penser à toi.


     Puis-je espérer une tristesse lucide ?



dimanche 8 juillet 2012

( 13 )

21 mai


     Que vas-tu dire te retrouvant après un si long temps ? Rien.


     Un passage comme un vol d'oiseau.


     À l'apaisement de l'âme s'ajoute l'apaisement du corps, dit-il. N'est-ce pas plutôt les sens apaisés qui procurent la tranquillité de l'âme ?


     Guéri ? Non. Apaisé seulement.

samedi 7 juillet 2012

( 12 )

20 mai

     Je voudrais savoir, là, tout de suite, voir. Oui, voir ce qu'à l'instant tu fais. Surprendre tes gestes. Ce que tu dis, si tu parles. Ce que tu penses, si tu penses. Ton regard. Tes mains. Je voudrais entendre ta voix, son vrai son. Est-ce cela le bonheur ?


mardi 3 juillet 2012

( 11)


20 mai

     La question est peut-être toute simple. Et se résume à peu. Si peu que je me crois obligé de la compliquer à l'extrême, de l'embrouiller à plaisir, de la confondre.

     Se croiser, se saluer, échanger un sourire, se parler, discuter, un peu, passer un moment ensemble, se quitter, se revoir, s'éloigner, toujours. Sans regret. Sans passion. Sans déchirure. Sans accrocs. Autre est la rencontre.

     Exigence de la rencontre. Ses besoins, ses règles, ses rites. Comme on va boire au puits dans le désert. On s'y trouve, s'y retrouve. Question vitale. Désir. Envie. Partage.