mardi 12 février 2013

( 132 )

1er septembre


     Lui : Oui, je pense à Elle chaque minute. Nous nous sommes rencontrés pour toujours.

     L'Autre : Non, vous vous êtes seulement croisés.

     Le Raisonneur : Cette longue absence (une absence sans fin, dis-tu !), ce long silence supporté, n'est-ce pas le moment pour toi de conclure cette histoire ? Qu'attends-tu d'un supposé retour, que tu penses plausible ? Cela ressemble fort à une poursuite illusoire et dérisoire de ce qui toujours t'échappera, qui ne peut que t'échapper parce que sans substance.

     Le Vulgaire : L'interrogeras-tu (oui, je sais, cela met en scène la jalousie, la convoque) sur ses aventures à Elle ? Pose lui donc la question. La problématique de ses plaisirs ou de l'argent. Oseras-tu te montrer sous cet angle ?

     Lui : Avec cet échange-ci, cru et cruel ... que je récuse, que je ne peux admettre...

     Le Raisonneur : Tu t'obstines...

     Lui : Avec cet éclairage brutal, je " vois " son visage, par instant, plus précis, comme un démenti à ces propos inconscients. Elle ne peut être Ça !

     Lui : Tous ces autres qui convergent vers moi, s'abattent sur moi, se liguent, se conjuguent et m'étouffent.

     Lui : Pourquoi un tel désir ? Un besoin ? De possession, d'impartage, d'absolu habitent-ils en moi ?

     Lui : Je conclurai que parvenu au plus profond de mon désir obscur, de forêt silencieuse.

     L'Autre: Tu te réfugies dans les hauteurs, tu fuies, déplaces les choses réelles, les décales, les nies.

     Lui : C'est en ajoutant un peu plus de lumière, de sa lumière à Elle, que je gagne un peu de sa souriante présence, ses traits se dégageant, son visage retrouvant sa légèreté que je parviens à reconstituer son image. Affaire douloureuse de volonté et de mémoire.

      L'Autre : Tu t'illusionnes : la jeunesse est trompeuse. Tu fuis devant cette évidence !

      Le Raisonneur : Elle te trompe. Elle joue, profite, t'exploite. Oui, Elle profite de toi. De plus, Elle est l'inconscience même.

      Le Vulgaire : Combien la paies-tu ?

      Lui : Je frémis. Je tremble à vous entendre. Vous me blessez mais ne m'achèverez pas. Je crois à la joie. Sa joie, à Elle. La joie du premier jour.







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