lundi 10 janvier 2011

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     Je m'appelle Carl. Carl Nielsen. Rien à voir avec le compositeur bien que ma mère soir d'origine danoise. C'est ainsi que tu t'es présenté dans le taxi. Tu me conduisais chez ton ami, un écrivain qui avait fait un bouquin - un livre sur ton île - m'as-tu précisé. Tes photos l'ont emballé. Il veut te rencontrer pour discuter avec toi et choisir l'illustration. Un livre d'art. C'est formidable, une chance pour toi, as-tu ajouté !

     Depuis le début, depuis notre rencontre sur les quais, j'avais pour la première fois de ma vie l'impression de ne plus bien gouverner les choses, prise que j'étais dans un maelström qui m'entraînait malgré moi, hors de moi, brisant je ne sais quelles pesanteurs de toujours, me poussait, me portait, craignant à la fin de rester échouée sur le rivage, abandonnée telle une épave. Me consolant en m'accrochant à l'idée qu'en fin de compte et malgré tout, je serais libre de dire non, d'arrêter tout cela au dernier moment si l'affaire ne me plaisait pas. Je n'étais pas inquiète, simplement grisée de la part d'inconnu que je ne parvenais pas encore à situer ni à analyser. M'efforçant de penser à autre chose, à ce type, par exemple que j'allais rencontrer, l'ami de cet ours (un ours bougrement sympathique mais un ours malgré tout, - m'avait-il seulement regardée en montant dans le taxi ? C'est bien ce que je lui reprochais, si peu attentif, comment dire, à ma présence, à ma nature de femme.

     J'étais si peu coutumière de traiter affaire... Oui, nous allions marchander, palper des images, tenter de les vendre et peu importait que l'homme en face, l'acheteur, ait une gueule qui vous revienne ou pas. C'était un demandeur, un démarcheur. Tout se terminerait sèchement par une signature au bas d'un contrat... Mon imagination s'excitait à l'idée de cet inconnu vers lequel j'allais et qui voulait travailler avec moi. S'il ressemblait à celui-ci, son ami ? Comment deux hommes qui se connaissent, se fréquentent, peuvent-ils se ressembler ? Et en quoi ? Carl et lui, quoi de commun ? Tentant d'esquisser à partir d'indices aussi ténus qu'incertains un portrait.

     C'est ici. La voiture s'arrêtant brusquement. Tu as sonné. Une voix de femme répondant à l'interphone. Lui, au moins ne vit pas seul. Peut-être surprise pour ne pas dire déçue du fait. Je ferais bien d'être un peu plus circonspecte. Nous avons franchi deux porches, deux jardins, un troisième porche. Immeubles sans âges, sans style mais luxueux. Montés au troisième. Accueillis, attendus par la dame de l'interphone, discrète, affable, s'effaçant. Mère ou domestique, femme d'un certain âge qui nous conduit à travers l'appartement maintenu dans l'ombre, silencieux, moelleux, encombré d'une foule d'objets d'art, de tableaux, de tapisseries, jusqu'à une pièce, tout au fond, les murs entièrement garnis d'étagères surchargées de livres, des livres partout, sur des tables basses, jusque sur le tapis, empilés ou en vrac, un bureau enfin, seul point éclairé de la chambre, une lumière tamisée diffusant d'une vaste coupe verte d'opaline, bureau lui-même garni d'ouvrages, de journaux, revues, papiers découpés, entrecroisés, en des équilibres incertains... La femme nous laissant sur le seuil, nous annonçant, nous abandonnant, son rôle de messagère, d'introductrice, s'achevant là, nous permettant enfin de cheminer seuls, l'un derrière l'autre, Carl me précédant, se glissant entre les livres, se repérant sans doute sur la lampe allumée, nous dirigeant vers celui que je commençais à deviner, caché, enfoui, retranché qu'il était derrière ces entassements invraisemblables, remparts instables et fragiles, l'ami vers lequel tu t'es soudain penché, me le dissimulant encore un instant, pour l'embrasser, découvrant enfin, te relevant et t'écartant, un petit bonhomme, presque un vieillard, rivé semblait-il dans un fauteuil d'invalide, ratatiné, tassé, desséché, relevant prestement le buste vers moi, le regard vif, étonnament lumineux et avenant. Si affable... Je te présente... Comme c'est gentil à vous d'avoir répondu si vite à mon appel, heureux de vous voir, retenant ma main dans les siennes, et, charmante. Charmante, a-t-il répété à ton adresse avec une ébauche de sourire. Ajoutant, me fixant de ses yeux clairs, Carl est un découvreur de talents. Un connaisseur... ne sachant exactement ce à quoi il faisait référence, évoquant mes photos ou ma personne. A tout hasard, je me permettais de relativiser le talent en question... Pas du tout. Vos photos sont merveilleuses, voyons, pas de fausse modestie entre nous...

     Le petit homme émergeait d'une vague de clichés - les miens - qui avait déferlé devant lui et débordé par les bords. Ils les avaient disposés devant lui, ceux que Carl lui avait transmis. Ses bras, ses mains qu'il avait décharnées, osseuses mais diablement expressives, allaient, venaient comme des mécaniques d'insecte au-dessus de cette mer maintenant étale, ponctuant son discours, modelant ses questions, pétrissant soigneusement ses expressions qu'il adaptait au mieux à sa pensée, arrondissant les aspérités, aplanissant les incertitudes des mots qu'il ne trouvait pas suffisamment précis, cherchant, je le sentais bien, le  mot juste. Pesant ses réponses avec autant de finesse que s'il avait été à l'Académie parmi ses pairs. Ses mains volubiles me frappaient. Ses mains qui voletaient au-dessus des clichés en des mouvements gracieux à hauteur de son visage. Tête d'oiseau chauve, au regard vif, des yeux malicieux et rieurs qui se plantaient en bout de phrase dans les vôtres quêtant une approbation ou un avis. Un homme de théâtre... Mademoiselle, vous  avez réussi, et il désignait, survolait, enveloppait de ses deux bras les images, un ensemble ex-tra-or-di-nai-re, détachant avec lenteur mais sans emphase chacune des syllabes du mot. J'ai vécu dans ce quartier à une époque que bien sûr vous n'avez pas connu. Vous l'avez photographié comme j'ai toujours rêvé qu'on le ferait un jour.

     Je suis belle, ô mortels ! Comme un rêve de pierre... 

      Un rêve de pierre, cette île en est un et elle est belle d'une beauté si discrète que certains trouvent surrannée, pressés qu'ils sont de la parcourir. Elle est là devant moi grâce à votre regard si sûr, si attentif, si patient.

     Quand les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
     Je respire l'odeur de ton sein chaleureux
     Je vois se dérouler des visages heureux (...)
     Une île paresseuse...   

     Il s'était à-demi renversé en arrière, calé au dossier de sa voiture d'invalide, les yeux perdus quelque part entre lampe et paradis...

     Ce vieux quartier bien oublié, cette barque - avez-vous remarqué que l' Ile a la forme d'une barque ? - une barque échouée au centre de la ville comme un don du ciel. Je ne savais plus s'il récitait ou s'il improvisait, se laissant porter par sa méditation. Enfants, mes frères et moi, nous habitions une de ces vieilles bâtisses. L'appartement donnait en partie sur la rue, en partie sur la cour, à l'étage noble comme l'on disait alors - le premier - la cour et ses dépendances accaparées par l'atelier d'un ébéniste dont les ouvriers  rafistolaient de vieux meubles, en désossant certains pour en remodeler d'autres, créant du faux ancien avec du vrai vieux bois ... J'ai grandi au milieu de ces gens parmi les odeurs de copeaux, de colle et de vernis. Le chant des scies! Quand je l'entendais de ma chambre, je devinais le morceau de bois entaillé, la grosseur de la pièce attaquée en long, selon le fil des fibres ou en travers, rien qu'au bruit, et le chant de victoire à la fin, la machine dévoreuse  s'emballant, ou encore le bruit de la varlope, gourmande, prélevant à chaque glissement, à chaque passage, une petite langue de bois transparente et rose qui s'enroulait comme une mèche légère de femme ... Je restais des heures à regarder ces hommes à leur travail. Ma mère me disputait quand je remontais, mes vêtements immanquablement couverts de sciure sans parler des chaussures et que je distribuais généreusement dans l'entrée...

     A cette époque, l' Ile était un paradis pour un peuple d'artisans, relieurs, peintres sur porcelaine, fondeurs de soldats de plomb, tapissiers, encadreurs, ferronniers, tailleurs, cordonniers, chaisiers.  Tout ce monde avait colonisé les cours, investi les écuries désaffectées, les communs abandonnés, désertés, ajoutant selon les nécessités un appentis, un couvert, sorte de génération spontanée et sauvage de constructions. Les cours se transformaient tels des jardins oubliés qu'une flore nouvelle envahit et qui finit par s'imposer à l'ordre ancien. Carl, veux-tu me passer le carton vert, là-bas, s'il-te-plaît ? Voyez cette image, c'est une vue de l'atelier d'un fondeur de cloches, c'était au 14 de la rue que nous habitions. C'est mon père qui a fait cette photographie. Le maître-fondeur avec ses aides est entrain de couler le bronze en fusion, un travail délicat, sans reprise possible. Tout cela a disparu; les gens sont morts ou ont migrés, plus loin, ailleurs, en banlieue pour la plupart. Métiers sans avenir, tous ces gens, malgré leur savoir-faire, vivotaient ici comme en sursis. Le quartier aujourd'hui brosse ses pierres, décape ses façades, débarasse les cours de leurs excroissances, de leurs verrues. Il va devenir, il devient un musée, ou quelque chose comme cela, me dit-on, brillant comme un sou neuf.

     L'ouvrage que je termine est une compilation historique sur ce quartier singulier, un ouvrage scientifique qui m'a demandé un grand travail de recherche. J'ai réuni toute une illustration d'époque, estampes, lavis, dessins, plans, études d'architectes ... Je cherchais, mais je crois avoir trouvé aujourd'hui, et c'est indispensable pour la confrontation que je veux établir entre passé et présent, des clichés de l'état actuel montrant ce qui subsiste, ce qui a pu être sauvegardé et préservé et je pensais (et vos clichés m'ont confortés dans cette idée) - il restera à convaincre l'éditeur mais avec la qualité de vos photos, ce sera tâche aisée malgré le surcroît des charges - je pense à des hors-textes pleine page en couleurs. Si je juge par ce que j'ai devant moi - je ne me lasse pas de les regarder depuis que Carl me les as mystérieusement amenées - Mademoiselle, devrais-je vous supplier à genoux, ce que je ne pourrais faire, alors évitez-moi ce supplice, vous devez me les offrir. Vous deviendrez ma collaboratrice photographe. Carl, s'il-te-plaît, passe moi le plan qui est sur la petite table devant la fenêtre. Merci. Il nous faut une quinzaine de planches. J'en ai sélectionné une dizaine parmi celles-ci. Je vais vous indiquer ce qu'il faudrait en supplément.

     Son plan - une épure plutôt - ne comportait que le tracé des rues avec quelques points de repères, flèches, numéros d'immeuble mais sans indications de nom, une sorte de carte muette qui semblait avoir été utilisée maintes fois. Avec un crayon, il pointait un lieu et commentait ce qu'il attendait de moi. Vous pourriez, là ou ici, encore ... C'est l'immeuble le plus haut de l'Ile. On y a un très beau point de vue sur la ville. J'ai un confrère et ami qui habite là. Je lui téléphonerais pour vous annoncer et prendre rendez-vous ... Le temps pour vous de tirer quelques clichés de leur pigeonnier - ils habitent, lui et son épouse, sous les toits - vous découvrirez, vous verrez, ça vous inspirera, on ne voit que les toits, les trous des cours, la cime des arbres des jardins intérieurs. Une vue presque aérienne. Et, au soleil couchant, vous avez toute la ville éclairée devant vous avec un horizon rouge. C'est irréel. Mes amis ne manquent jamais quand l'heure s'y prête de faire partager cette vue à leurs visiteurs du soir. J'aimerais montrer cette image dans le livre. Pour leur offrir. A moins de monter sur les toits, vous ne pouvez soupçonner cela ...

     Quelle gentillesse, quelle vivacité d'esprit chez cet homme cloué au fond de son fauteuil ! Nous l'écoutions, ébauchions une remarque, quêtions une anecdote, posions tout au plus une question, lui s'interrompant le temps de la pose, son sourire suspendu un instant, écoutant avec attention notre intervention, puis reprenait. Cette vue, et il partait à la recherche d'une de mes images, ses mains du moins, Mademoiselle, est celle que je préfère entre toutes. Cette rue, voici ... La nuit. Il y a là tous les lieux de mon enfance. C'était notre rue. Notre terrain de jeux. Les façades illuminées que vous avez alignées, éternelles, indifférentes au temps. Voyez, nous habitions ici, l'index pointé à hauteur d'un premier étage sur la gauche. Ces quatre fenêtres. La rue est déserte à cette heure. Les lignes verticales bien mises en valeur, l'ombre des ouvertures, les encadrements des fenêtres  soulignées comme un trait de maquillage marquerait une paupière. L'enfilade de la rue principale, ponctuée ça et là d'une baie éclairée, plonge légèrement depuis l'est d'où vous l'avez prise puis remonte à partir de son milieu tout aussi imperceptiblement, débouchant, à l'ouest, sur un ciel noir. Une vue en plongée comme on chemine dans ses souvenirs, dans l'enfance de cet homme, son enfance silencieuse. C'est l'accalmie, poursuit-il... A cette heure, les murs respirent. La rue s'épanouit comme une fleur du soir qu'un phalène viendra visiter bientôt pour la féconder ...

     Je me souvenais de la prise de ce cliché. Je venais de terminer mes études, travaillant déjà à la librairie. Certains soirs, j'errais, appareil photo en bandoulière, un pied léger pour la pose. Installée à l'extrémité de la rue qui partage l'Ile en deux parties égales, dans toute sa longueur, une rue un peu surélevée ici, position qui me permettait de la cadrer en sa totalité, sur toute sa distance. Pose. Un type passe pour la deuxième fois. Il m'observe. Moi lui jetant un bref coup d'oeil, crainte qu'il ne traverse la rue au mauvais moment. Surveillant ses mouvements entre chaque prise de vues.

     Mon travail terminé, je plie mon matériel et sans me presser regagne la maison, à l'autre extrémité de l' Ile, la rue à descendre dans le silence de la nuit, la ville au loin comme un bourdonnement. La type est là, au coin d'une rue, attendant. Je passe devant lui, plantant mon regard dans le sien. Un échange bref. Le temps de noter un sourire de sa part. Un visage non sans charme. Moi, ingénue, jouant la fausse indifférente, je poursuis mon chemin. Distraitement, il m'emboîte le pas, me suit à distance, s'arrêtant de temps à autre devant une devanture dont il feint d'examiner le contenu, parfois devant une devanture pas même éclairée, l'air intéressé et moi, ralentissant le pas, comme pour vérifier qu'il m'épie, jetant à mon tour un regard sur des vitrines archi-connues ou plutôt sur ma silhouette que la vitre me renvoie en reflet ou bien sur le ciel noir au-dessus des toits, comme si je recherchais un autre motif de photo, jettant briévement, comme par hasard, un coup d'oeil derrière moi, vérifiant la distance entre nous, m'assurant que l'espace reste convenable, histoire de l'asticoter, de le faire entrer dans un jeu que je tente de régler, comme toujours, avec l'air de dire, de faire croire : je ne suis pas celle que tu crois.

     Approchant de ma porte, ralentissant encore mon pas. Comme au cinéma : gestes calculés, minutés, presque décomposés, au ralenti. Sans hésitation, non. Plus posément seulement. La main attendant, s'appuyant à peine, frôlant le pilier de pierre, cherchant le bouton de commande pour l'ouverture de la porte du lourd portail sur la console de cuivre - le bruit, enfin, du clenche électrique dans le silence de la nuit. Et lui s'est encore approché, nonchalent, regardant ailleurs, derrière lui. La porte s'est entrouverte, mécanique, comme mue par un ressort. Je la pousse lentement comme devant être tenue de fournir un grand effort pour le faire, franchissant, enjambant le montant horizontal que je feins de découvrir au dernier moment. Retenant le battant qui déjà veut se rabattre, freinant de la main sa course de l'intérieur, l'empêchant de retomber tout à fait, de se refermer, devinant - espérant - l'autre encore là, tout proche, guettant l'instant décisif, parvenu à la hauteur de la porte, hésitant peut-être... quand je sens   le battant que je tiens encore qui revient doucement vers moi au lieu de poursuivre sa course. Le vantail pivote, timidement, élargissant l'ouverture en un mouvement inverse, et lui, s'assurant de ne rencontrer aucune résistance, comme tâtant le terrain, s'assurant au dernier moment du message reçu, se glissant dans l'obscurité du porche, ayant  à peine repoussé l'obstacle d'un espace juste nécessaire pour que son corps puisse s'introduire de biais, jetant encore un dernier regard dans la rue. J'accompagne alors la porte dans sa fermeture pour qu'elle ne fasse de bruit. Il est là devant moi, souriant. Et tout de suite la chaleur de ses lèvres sur ma bouche. Son corps contre le mien. Une rencontre... Autre souvenir. Autre photographie...

     Et lui, l'écrivain, poursuivant son monologue à propos de la rue, un décor, répétait-il songeur, la parcourant encore une fois, revisitant ce lieu dont il tenait une image sur papier glacé devant lui, perdu dans une sorte de remembrance qui n'était pas la mienne... La douceur des lèvres de l'inconnu... Je l'avais encore sur les miennes.

     Les visages comme la nuit m'attirent et cependant presque jamais tentée par le portrait. Mais près de ce vieillard, devant nous, ce soir-là, j'ai eu l'envie de le photographier, tentée de saisir, de piéger dans ma boîte à malice, l'instant précaire, d'éterniser l'expression, le geste, en un plan  à jamais fixé dans son inachèvement, le rapetissant dans la mémoire de la gélatine.

     Je vais vous montrer la maquette. Carl, s'il-te-plaît, passe moi donc... Non, allons plutôt là-bas, nous verrons mieux, et, vivement, de ses mains dégageant sa voiture du bureau, s'éloignant à reculons, pivotant. Toi, te levant, le guidant. Laisse, j'ai l'habitude. C'est un gros ouvrage. L'éditeur a entrepris de recenser tous les quartiers de la Capitale, confiant l'étude à une personnalité différente. Le premier volume est sorti il y a trois mois. Les éditeurs sont gens pressés. Je devais ouvrir la collection mais j'ai refusé. Il faut du temps et sans ce temps que je me suis donné, je ne vous aurais pas rencontrée. Alors quand vous serez prête, téléphonez-moi que je prévienne l'éditeur. Au revoir mes amis. Merci pour cette visite.

     Avais-je surpris le clin d'oeil qu'il t'avait jeté ou était-ce quelque signe complice d'amitié et habituel entre vous ? Nous avons descendu l'escalier à pied, t'en souviens-tu ? Toi reprenant dèjà le relai et ta prééminence. Un ami de ma mère. L'accident, la paralysie consécutive, l'Académie, je ne sais plus quoi encore à son propos... Dans le hall donnant sur la rue, comme tu appuyais sur la minuterie, j'ai prononcé ton nom. Carl. Stoppant ton geste, freinant ta fuite en avant. Tu t'es alors retourné vers moi, surpris de ma voix, du drôle de ton avec lequel j'avais sans doute épelé ton nom. Carl, rappelle-toi, je t'ai alors demandé de m'embrasser. J'étais heureuse.

                                * 

    

3 commentaires:

  1. Ah , persuader un éditeur . pas facile de donner ses photographies , il faut une grande complicité avec l'auteur du livre... une affinité...

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  2. ö ! quel bel extrait... mon préféré... car il me renvoie à beaucoup de choses si proches... : le mot : affable (j'aime), "le regard clair" les mains qui retiennent la main qu'elles serrent.... une tête chauve , la gentillesse ... l'épure ... cette passion partagée et cette ferveur... oui, j'aime tout cela si joliment écrit... j'aime, c'est beau

    et puis "la Beauté"
    http://www.dailymotion.com/video/xp5ra_leo-ferre-la-beaute_music

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  3. Merci Bruno de ton attention.
    Et un grans merci, à toi Maria, pour notre cher Léo Ferré.

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