jeudi 30 août 2012

( 39 )

2 juin


     Le lieu. Elle. Tout de suite, aperçue. Et le signe de connivence, aimantation, attraction, gravité.

     Il avait tout tenté, tout quitté aussitôt, insatisfait de toutes ses expériences, de toutes ses précédentes randonnées, inassouvi perpétuel pour en arriver là, à cette perfection, à cet absolu, cette déesse vivante aperçue. Suffisamment reconnue pour dire, pour croire et le répéter : elle existe. Comme si toute son histoire, dans cet aboutissement, n'avait été que dans ce perfectionnement gagné pas à pas, une sorte d'édulcoration, d'affinement, de simplification mathématique, un épurement, se terminant, parvenant au modèle même, l'archétype, la pierre philosophale en son état natif dans le creuset de son imagination. Oui, se disait-il, j'ai touché le ciel; ce que je désirais, je l'ai vu. Rien n'a été refusé à mon cœur, disait-il.

     " Comme un bonheur fou enchaîné au désespoir. " Marguerite Duras, La pluie d'été. 

     Comme un objet minutieusement et longuement poli,  qu'à la fin il ne reste plus rien, la moindre aspérité à adoucir, la moindre surface à modeler. Une gemme parfaite captant amoureusement la lumière.

      " Toi, il te quittera pas, même s'il te laisse, il ne te quittera pas..." Marguerite Duras, La pluie d'été. 

     Il pense soudain... Peut-on, sans le vouloir, inspirer du bonheur, donner de la joie ? Il pense encore : c'est un bonheur que cette rencontre. Ce bonheur existe. Il est en moi. Je le vis. J'en souffre.



2 commentaires:

  1. Ô ! comme la fin du texte est belle et juste.

    Quel bonheur cette écriture quasi quotidienne.

    Belle journée cher Pierre

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