samedi 16 juin 2012

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11 mai

     Je m'éveille ce matin l'esprit tranquille, sans angoisse particulière, serein... Aurais-je découvert, aurais-je atteint ou trouvé l'angle de vue qui calme ? N'est-ce pas plutôt l'effet de la distance (depuis tant de temps que dure l'aventure), l'effet de l'éloignement, du temps passé ? Existe-t-il des mots qui, agencés de telle ou telle manière, pourraient me conforter en cette tranquillité ? Le sourire du lion ? Une trêve ? Parenthèse, accalmie ? Aurais-je gagné la cohérence ?

     Dans cette aspiration, ce désir de clarté, d'ouverture, sans pour autant en finir (mais est-il possible, à ce moment, de mettre un point final et qui soit irrémédiable catastrophe, négation existentielle; ce qui serait tout perdre et la poursuite de l'aventure et la trame de l'histoire). C'est donc vers une troisième voie, une voie de traverse, que je m'engage, décidé de biaiser, ne pouvant loyalement combattre - puisque toute lutte, toute discussion est refusée par ailleurs - donc par ruse, laissant tomber le parti de la querelle que je commençais à faire, que sans doute, seul, j'alimentais de mauvaises raisons, de faux bois et vert, donc par crainte aussi de tout perdre, ou du moins de ne rien gagner à ce jeu (jeu mal compris en face) relâchant l'emprise, annulant la pression; je me prépare à transiger (sans espoir de concessions ni contreparties); je me replie, me réfugie dans le silence, dans l'attente, l'observation; je choisis l'expectative. Trouvant, me donnant pour excuse, comme raison, sa jeunesse. Mon devoir (credo ?) : laissons la paix entre nous. Cessons les provocations. Il n'y a pas d'abonné au numéro que vous demandez me susurre une voix nasillarde au creux de l'écouteur.

1 commentaire:

  1. Ce texte est très touchant, et bien écrit. Je me plais à venir lire ici.

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